Les cinq Tchèques disparus en juillet 2015 au Liban ont été « retrouvés »

La vallée de la Bekaa, Liban, photo: Nassif.seif

Les cinq ressortissants tchèques disparus au mois de juillet dernier au Liban ont été « retrouvés » et seraient en bonne santé. Le ministère des Affaires étrangères tchèque l’a annoncé lundi soir dans un communiqué sans fournir davantage de détails. Pour les médias tchèques, les présumés ravisseurs auraient agi pour empêcher l’extradition vers les Etats-Unis d’Ali Taan Fayad, un Libano-Ukrainien détenu depuis 2014 en Tchéquie et accusé par les Américains d’être impliqué dans une affaire de trafic d’armes.

La vallée de la Bekaa,  Liban,  photo: Nassif.seif
Depuis l’été dernier et la disparition de ces cinq Tchèques dans la vallée de la Bekaa, une région de l’est du Liban contrôlée par le mouvement chiite Hezbollah et où prolifèrent différents trafics, les médias ne disposaient pas de pléthore d’informations sur leur situation. Comme le rappelle l’analyste Jan Schneider pour la Télévision tchèque, les circonstances mêmes de cette disparition sont mal connues et on ne sait toujours pas à l’heure actuelle avec certitude si le groupe a effectivement été enlevé ainsi que l’évoque souvent la presse tchèque.

Les cinq ressortissants tchèques disparus au mois de juillet dernier,  photo: ČTK
Les choses se sont toutefois emballées ce lundi, d’abord avec une information du site Neovlivni.cz selon laquelle les ravisseurs présumés auraient pris contact par courriel auprès des autorités tchèques, puis dans la soirée avec cette annonce du ministère des Affaires étrangères tchèque selon laquelle les cinq hommes avaient été « retrouvés ». Sans s’étaler, le ministre Lubomír Zaorálek a commenté :

« Je n’ai pas beaucoup de détails. Je sais qu’ils sont actuellement aux mains des services de sécurité libanais. Je peux également confirmer qu’ils sont en vie et dans un état relativement satisfaisant. J’ai donné des instructions à notre représentation à Beyrouth pour tout mettre en œuvre pour assurer le retour de ces Tchèques au pays le plus rapidement possible. »

Lubomír Zaorálek,  photo: ČTK
Du côté du ministère, on n’en saura pas plus, sinon qu’un avion spécialement affrété doit rapatrier les cinq hommes ce mercredi avec à son bord du personnel médical et des enquêteurs de l’Unité de lutte contre le crime organisé (ÚOOZ), lesquels travaillent sur l’affaire. Mais Lubomír Zaorálek se refuse à tout commentaire sur les différentes informations relevées ici et là.

Le site Neovlivní.cz, qui évoque un enlèvement, fait état d’une libération qui serait intervenue ce lundi après-midi suite à des négociations. Un accord aurait ainsi été trouvé, si l’on en croit une source des services de sécurité libanais citée par l’AFP : « la libération des cinq Tchèques, parmi lesquels un officier, est l'aboutissement d'un accord sur un échange, qui prévoit la libération d'un Libanais détenu à Prague, Ali Taan Fayad. »

Ali Taan Fayad,  photo: ČTK
Ce Libano-Ukrainien est en détention provisoire en Tchéquie depuis avril 2014 après que des agents américains lui auraient tendu un piège, à lui et à deux complices, à propos de la vente d’armes à l’organisation militaire colombienne des Farc. Les Etats-Unis demandaient donc l’extradition d’Ali Taan Fayad. Pour Sabina Slonková, journaliste pour le site Neovlivní.cz, cette affaire a depuis le début à voir avec la disparation des cinq Tchèques, groupe dont il est supposé que le chauffeur n’était autre que le frère d’Ali Taan Fayad. L’identité des disparus va également dans le sens de cette hypothèse puisqu’on trouve parmi eux Jan Švarc, c’est-à-dire son avocat. Sabina Slonková indique aussi :

« A la fin de l’année dernière, Prague a reçu un courriel qui liait directement les deux affaires et qui contenait une menace à peine voilée, à savoir que si Fayad était extradé, cela n’aurait pas des conséquences positives pour le groupe de Tchèques enlevés. »

La journaliste estime qu’il est nécessaire d’attendre pour y voir plus clair dans une affaire qui pourrait impliquer les services secrets de trois pays, les Etats-Unis, le Liban et aussi la Tchéquie puisque l’une des personnes enlevées, Martin Psík, aurait travaillé dans le renseignement pour l’armée tchèque. Le quotidien Mladá fronta Dnes va même jusqu’à supputer que la disparition du groupe en juillet dernier aurait pu se faire avec l’assentiment plus ou moins passif des autorités libanaises, en représailles à l’arrestation d’Ali Taan Fayad, qui serait lui-même lié aux services libanais. La décision de le libérer ou en tout cas de ne pas l’extrader est désormais du ressort du ministre de la Justice Robert Pelikán. A l'heure où ce papier est publié, on apprend via le journal Právo, qui s'appuie sur une source tchèque anonyme, qu'Ali Taan Fayad devrait envoler "dans les heures à venir" pour le Liban...