Les controverses autour de l’art politique à la galerie pragoise DOX
La Cartographie de l’espoir est une exposition d’art contemporain à la galerie DOX à Prague. Avec la participation de plus d’une trentaine d’artistes tchèques et étrangers, l’exposition explore le problème des changements sociaux, et présente des projets de l’action civique. Depuis son inauguration en novembre 2012, elle a attiré l’attention des médias et a réveillé les controverses surtout en raison de l’installation du groupe Ztohoven intitulée « Réforme morale » qui rend publics les numéros de téléphone des hommes politiques tchèques.
« C’est une tentative de lier les grands événements qui se déroulent autour de nous depuis 1989 afin de leur donner un sens. Nous sommes souvent submergés par des versions particulières de la réalité et nous perdons de vue l’ensemble. L’objectif était de faire un grand projet international et de faire participer 33 artistes de partout dans le monde. »
Les récits de cette exposition qui propose des projets très divers ont souvent été réduits à l’appréciation ou à la critique d’une de ses installations. En effet, l’attention des médias s’est surtout concentrée sur le projet de « Réforme morale » de groupe Ztohoven. Cette œuvre qui domine la dernière section sur l’Imagination sociale consiste en un tableau qui rend publics les numéros de téléphone des députés et membres de gouvernement et même celui du président de la République. Les artistes de groupe mettent également à disposition des visiteurs un portable pour envoyer des SMS directement de l’exposition. Jaroslav Anděl nous en dit plus sur l’esprit de ce projet :« Dans ce projet on pose certaines questions fondamentales sur la démocratie, la transparence et la protection des données personnelles. Il s’agit d’un débat tout à fait légitime qui peut prendre des formes diverses. Je poserais plutôt la question de l’origine de la frustration de public tchèque et c’est exactement cette question que pose l’installation ‘ Réforme morale’. »
Les critiques du projet avancent surtout les arguments des désagréments causés aux personnes concernées, en raison de la teneur souvent vulgaire des messages ou de l’encombrement de la ligne de leurs téléphones portables. Jiří Přibáň, juriste et sociologue tchèque enseignant à l’Université de Cardiff en Grande Bretagne, remarque que c’est l’anonymat de la communication politique qui pose le plus grand problème :« La qualité d’un événement ou d’une œuvre artistique découle de la qualité de sa conception. Si la conception entière est mauvaise, cela influe évidemment sur l’événement. Dans ce cas, l’idée était que la démocratie pourrait être un projet de communication anonyme. Mais c’est le contraire qu’il faut en démocratie : la communication doit être ciblée, non seulement de la part des citoyens mais aussi des hommes politiques. »
La richesse des installations présentées au DOX ressort également à la lumière du programme accompagnant l’exposition qui développe ses différents aspects. A titre d’exemple, le 18 février 2013 aura lieu un marathon de 12 heures de discussions sur des projets civiques d’avenir. C’est un événement qui s’est déjà déroulé en 2010 et ses organisateurs ont décidé de le proposer à nouveau dans le cadre de l’exposition.Vous pouvez voir l’exposition Cartographie de l’espoir jusqu’au 21 février 2013 à la galerie d’art contemporain, DOX.