Retour au Château de Prague de l’étendard présidentiel remplacé par un caleçon géant
A peine investi en tant que chef de l’Etat, Petr Pavel a créé la surprise : il a présenté au public l’étendard présidentiel volé en 2015 par un groupe artistique en signe de protestation contre la politique de l’ancien président Miloš Zeman.
En septembre 2015, un étrange étendard a flotté sur le siège de la présidence : déguisés en ramoneurs, les membres du groupe Ztohoven sont parvenus à monter sur le toit du Château de Prague pour y hisser, à la place de l’étendard officiel du président de la République, un caleçon rouge géant. Ceux qui ont voulu dénoncer par-là « un président qui n’a honte de rien » ont par la suite été accusés de plusieurs délits et condamnés à six mois de prison avec sursis.
Connu pour ses performances provocatrices, le collectif critique envers l’ancien président Miloš Zeman a décidé de hisser le sous-vêtement rouge sur le palais présidentiel pour dénoncer plus particulièrement l’orientation pro-russe er pro-chinoise du locataire du Château de Prague de l’époque, et pour s’opposer à son langage parfois vulgaire et outrancier.
« Je perçois cet acte comme la preuve d’une stupidité extrême de ses auteurs », avait alors réagi Miloš Zeman, fidèle à son style.
Pendant sa campagne présidentielle déjà, Petr Pavel avait annoncé qu’en cas de sa victoire, il entendait faire revenir l’étendard volé au Château de Prague. Sa décision a surpris Petr Žílka du collectif Ztohoven :
« Nous n’avions jamais pensé qu’un jour l’étendard puisse revenir au Château de Prague, mais lorsque l’équipe de Petr Pavel nous l’a demandé, nous avons accepté. Nous avons restitué au nouveau président un drapeau ‘blanc’ et cela nous semble pertinent, car il vient d’hériter d’une fonction ‘vide de sens’. A lui maintenant de donner à sa fonction un nouveau contenu. »
Il aura fallu plusieurs jours de travail pour que le drapeau présidentiel puisse être restauré dans le même atelier de couture pragois qui l’avait fabriqué il y a plusieurs années. Car, avant de comparaître devant le tribunal, Ztohoven avait ôté de l’étendard blanc la couche supérieure du tissu, décorée et portant la devise ‘La vérité l’emporte’, pour le découper en plus de mille petits morceaux et les envoyer par la poste à des gens choisis au hasard.
Jeudi après-midi, après avoir prêté serment sur la Constitution tchèque dans la salle Vladislas, Petr Pavel et son épouse sont montés sur le balcon de la IIIe cour du château pour saluer le public venu en nombre. A cette occasion, le nouveau chef de l’Etat a déployé l’étendard restauré. Il ne remplacera pas celui qui flotte au-dessus de « Pražský hrad », mais il fera partie de l’exposition permanente qui y est installée, comme l’a expliqué le nouveau président :
« Cet étendard nous rappellera que les valeurs sont quelque chose que nous pouvons perdre très rapidement. Nous devons les préserver afin qu’elles ne disparaissent pas, comme ce drapeau que nous avons perdu pendant un certain temps ».
Chargée d’émotions et de symboles, la journée d’investiture du quatrième président de la République tchèque a culminé à la cathédrale Saint-Guy, où Petr Pavel et ses proches ont assisté à une prière œcuménique et ont rendu hommage à la relique de Saint Venceslas, le saint patron des Pays tchèques.
Tout comme en décembre 1989, lorsque Václav Havel a été élu pour la première fois président de ce qui était encore la Tchécoslovaquie, l’Orchestre philharmonique national et son chœur ont interprété le Te Deum d’Antonín Dvořák.