Les écoles primaires tchèques rouvrent partiellement leurs portes
C’est la dernière grande étape du déconfinement progressif en Tchéquie, même si, dans les faits, de nombreuses mesures de restriction restent encore en vigueur : ce lundi 25 mai, outre les restaurants, bars, hôtels, châteaux et piscines, les écoles primaires rouvrent partiellement leurs portes jusqu’aux vacances d’été. Sur un total de 563 000 élèves du primaire, environ la moitié d’entre eux ont retrouvé le chemin de l’école, selon les estimations du ministère de l’Education, rejoignant leurs congénères de la neuvième classe et les bacheliers, déjà sur le pied de guerre depuis le 11 mai. Pour tous les autres niveaux, il faudra a priori attendre le mois de septembre, même si ce lundi le ministre de l'Education a annoncé qu'il allait proposer un retour partiel pour le reste des élèves à compter du 8 juin.
Dans cette école du Ve arrondissement de Prague, ce lundi matin avait des airs de rentrée des classes. Même la météo était au diapason : pour un peu, le ciel grisâtre, la bruine et l’air frisquet auraient pu faire croire à un mois de septembre. Une rentrée des classes un peu particulière quand même : à peine plus d’un mois avant les grandes vacances, les enfants scolarisés en primaire rentraient à l’école après plus de 70 jours de cours à la maison.
Enfin, une partie des enfants seulement. Parce que si le retour à l’école pour les primaires se fait sur la base du volontariat, les places sont limitées : 15 élèves par classe maximum, pour que chacun puisse rester assis seul à son banc, et donc sans masque. Pour Jana, la mère de Martin, en classe de CP, le choix du retour à l’école s’est avéré très vite une évidence :
« Je me suis dit que garder mon fils à la maison pendant six mois, cela voudrait dire qu’à la rentrée, il allait devoir à nouveau s’habituer au rythme scolaire. J’ai aussi suivi les informations pour savoir quel était le taux de morbidité chez les petits enfants et le risque de contamination m’a paru vraiment minimal. »
C’est d’ailleurs ce qu’estime Roman Prymula, qui était jusque récemment l’épidémiologiste du ministère de la Santé : « La conclusion des études internationales est quasiment univoque, le risque qu'un enfant puisse être infecté à l'école est presque nul, » déclarait-il à la mi-mai.Malgré cette information rassurante, pour Andrea et son mari, le retour en classe a été une décision de quasi dernière minute. Après avoir un premier temps décidé de rester à la maison, ils ont finalement changé d’avis et choisi de mettre leur fille Berta à l’école :
« Après deux mois et demi, nous avons senti qu’elle avait besoin d’un certain rythme. Evidemment, c’était quand même le cas à la maison : le lever, le petit déjeuner, puis les devoirs dans la matinée. Mais au final, je pense qu’elle avait besoin que cela vienne de quelqu’un d’autre. »
Comme sans doute pour tous les parents de Tchéquie, l’annonce de la fermeture des écoles le 11 mars dernier a fait l’effet d’un choc. Plus particulièrement pour ceux, comme Jana, dont l’enfant commençait une nouvelle étape de sa scolarité :
« Martin est en CP. Le passage de la maternelle à l’école primaire a été un peu difficile pour lui, parce qu’il a dû s’habituer à un autre régime : rester assis à son banc, se concentrer sur ce que dit le maître etc. Mais à peine s’était-il habitué au bout de six mois qu’il a dû rester à la maison… »Dès les jours qui ont suivi, une nouvelle vie scolaire a commencé pour les élèves tchèques, tous niveaux confondus, avec des cours en ligne et des devoirs à rendre chaque semaine à leurs enseignants remplacés au pied levé par les parents pour le suivi quotidien. Mais outre l’enseignement à proprement parler, le manque de socialisation des enfants a aussi joué dans le choix de ceux qui ont opté pour le grand come-back :
Jana : « L’école à la maison, ça allait, il n’y avait pas de problème. Mais j’ai bien vu que les interactions commençaient à lui manquer, les copains, le maître… Lui-même s’est spontanément mis à dire qu’il voulait retourner à l’école. »
Andrea : « Les copines manquaient aussi à Berta. Et puis, le maître également ! Nous avons aussi eu l’impression qu’elle commençait à stagner, qu’elle pourrait prendre du retard. Il était clair que mon mari et moi, nous ne pouvions plus lui donner à la maison ce que l’école, elle, peut apporter. »
Mais la désocialisation n’explique pas tout. La charge que ce confinement a fait peser sur les foyers n’est pas étrangère au soulagement de nombre des parents :
Jana : « J’ai télé-travaillé pendant toute la période du confinement, et à plein temps ! Je dois dire que gérer le travail, le foyer, et s’occuper d’un enfant en CP, ça a été un sacré défi. Personnellement, je pense que ce retour à l’école n’aurait même pas dû se faire sur la base du volontariat, mais bon c’est un autre débat… »En attendant, de nombreuses règles d’hygiène sont censées régir la vie des établissements scolaires : désinfection des mains à l’entrée, respect de la distanciation sociale, port du masque hors des salles de classe… Dans quelle mesure celles-ci pourront être respectées par des collectifs de jeunes enfants ? Difficile de dire si au quotidien, la pratique correspondra réellement à des règles abstraites sur le papier…