Education : des écarts de notation considérables entre les écoles tchèques
Selon une nouvelle étude publiée par le think tank IDEA de l’Institut d’économie de l’Académie tchèque des sciences, la manière dont sont notés les enfants en République tchèque n’est pas toujours équitable. En fonction de la notation de chaque école, les différences peuvent aller jusqu’à une note d’écart et cela a des conséquences négatives sur les ambitions des étudiants à continuer leurs études. C’est ce qu’explique l’auteur de l’étude, Daniel Münich :
« Pour résumer, pour deux élèves ayant obtenu le même résultat lors d’épreuves internationales, le point de différence dans les notes obtenues à l’école a une influence considérable sur leur volonté de postuler ou non à des écoles et à choisir ou non un cursus qui va les mener à l’université. Les notes s’avèrent bien plus importantes que les connaissances elles-mêmes, qui sont démontrées par les résultats aux tests. »
J’ai lu dans votre étude que jusqu’à 80 % des élèves de 3ème qui obtiennent un 1 (la note la plus haute) en mathématiques veulent aller à l’université, alors que cela représente seulement 39 % de ceux qui ont un 3. L’étude montre également des différences de genre dans la notation : en moyenne, les filles sont plus susceptibles d’avoir une note un tiers supérieure à celle des garçons. Comment expliquez-vous cela ?
« Les différences de genre sont connues et reconnues ; ce n’est pas seulement le cas dans le système tchèque, mais c’est un problème international. L’interprétation la plus évidente est que les notes sur les connaissances incluent aussi une forme d’évaluation comportementale (comment les élèves font leurs devoirs, s’ils sont sages en classe, etc.). A cet âge, les filles ont de meilleurs résultats. C’est là le défaut des notes, car ils évaluent ces deux facteurs, mais la plupart des gens pensent que seuls les progrès purement scolaires sont ainsi évalués. »
Les différences socio-économiques jouent-elles aussi un rôle ?
« Oui, et de manière très similaire. Les élèves venant de milieux socio-économiques défavorisés – c’est-à-dire les élèves dont les parents ne surveillent pas s’ils vont à l’école à l’heure ou s’ils font correctement leurs devoirs – ont en général des notes plus basses. Une fois de plus, notre interprétation est que les notes reflètent en partie le comportement des individus, même si ce n’est pas quelque chose que nous pouvons prouver.
Est-il possible d’évaluer dans quelle mesure ce phénomène faite perdre à la République tchèque de talents instruits ?
« L’idée est que si les notes ne donnent pas suffisamment d’informations ou qu’elles induisent en erreur les parents et leurs enfants, alors ils ont plus de chance de se tourner vers un parcours éducatif et une carrière inadaptés. Nous savons que le système éducatif tchèque est très sélectif. Il dépend beaucoup de l’école choisie et de la préparation à celle-ci. Il semble donc que cela mène à un certain nombre de d’auto-disqualifications de la part d’élèves talentueux qui reçoivent des notes inférieures à celles qu’ils devraient avoir. Dans le cas contraire, cela mène aussi au fait que des élèves qui obtiennent des notes meilleures que celles qu’ils devraient obtenir ont sans doute des ambitions trop élevées. »
J’ai remarqué à la lecture de votre étude que vous compariez les résultats en mathématiques, car les niveaux sont faciles à comparer. Avez-vous également étudié d’autres disciplines dans votre recherche, ou vous êtes-vous concentré principalement sur les mathématiques ?
« Nous nous sommes concentrés sur les mathématiques car c’est un sujet d’examen pour le PISA (Program for International Student Assessment) et le TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study), qui sont les tests internationaux qui se rapprochent le plus du programme national. Pour les sciences de la vie et de la Terre, il pourrait y avoir des différences importantes. Ceci étant dit, nous avons vérifié mais nous n’avons pas vu trop de d’écart dans les résultats des études mesurant le niveau des élèves dans cette matière. »
Que souhaiteriez-vous que l’éducation nationale retienne de votre étude ?
« Tout d’abord, de ne pas donner autant d’importance aux notes. Non seulement le gouvernement et les écoles – mais aussi les parents – doivent comprendre qu’elles ne représentent pas tout, malgré un système qui en dépend énormément. Aussi, il serait bien d’ajouter d’autres formes d’évaluation, comme l’évaluation écrite, car c’est un moyen très clair pour voir le niveau des élèves ainsi que leur comportement. »
L’étude dans son intégralité : https://idea.cerge-ei.cz/files/IDEA_Studie_9_2022_Prisnost_znamkovani/IDEA_Studie_9_2022_Prisnost_znamkovani.html#p=8