Rentrée scolaire : la Tchéquie investit toujours peu dans l’éducation

Après deux mois de vacances, l’heure de la rentrée a sonné, lundi matin, pour environ 1,5 million d’élèves en Tchéquie. L’occasion pour les médias et les experts de rappeler que les moyens financiers alloués à l’éducation nationale restent insuffisants, et ce, en dépit des grèves dans les écoles et les universités organisées l’année dernière.

287 milliards de couronnes (11,5 milliards d’euros) : telle est la somme que le ministère des Finances entend allouer à l’éducation en 2025, a-t-on appris ce week-end suite à la publication du projet de budget de l’État.

Si les établissements scolaires du pays devraient recevoir 14 milliards de couronnes (560 millions d’euros) de plus que cette année, la promesse du gouvernement de Petr Fiala de porter la part du PIB consacrée à l’éducation à un niveau comparable à celui des pays développés est restée inaccomplie, comme l’a constaté, sur la Radio tchèque, le commentateur et rédacteur en chef du quotidien Právo, Petr Šabata :

« Pour parvenir à cela, ce ne sont pas 14 milliards supplémentaires qu’il faudrait ajouter au budget de l’Éducation nationale, mais, selon divers calculs, entre 40 et 53 milliards de couronnes. Plus d’argent sera dépensé, l’année prochaine, pour les salaires des enseignants garantis par la loi - environ 9 milliards de CZK. Les universités demandent, quant à elles, au moins 6 milliards de couronnes. En plus de cela, l’État n’a toujours pas résolu la question des salaires du personnel non enseignant comme les cuisiniers, les concierges et les femmes de ménage, un personnel qui reste sous-payé. (…) Et quid du financement des postes de psychologues, d’assistants pédagogiques et d’éducateurs spécialisés dont les écoles aussi grandement besoin ? »

Photo: Radek Petrášek,  ČTK

En 2020, les dépenses dans le secteur de l’éducation dans les pays de l’OCDE représentaient, en moyenne, 5,1 % du PIB. En Tchéquie, cette part s’élève à 4,5 %. Ce fossé s’est encore creusé au cours des quatre dernières années, comme l’explique le sociologue Daniel Prokop de la société PAQ Research :

« Depuis 2020, le budget du ministère de l’Éducation a réellement baissé de 32 milliards de couronnes par rapport au PIB du pays. (…) D’après nos estimations, il faudrait investir 50 à 60 milliards de couronnes de plus dans le secteur pour rattraper la moyenne des pays de l’OCDE, y compris la contribution des municipalités et des régions. L’éducation est importante pour l’évolution de la société sur le long terme. Il s’agit d’un investissement dans le capital humain, d’un investissement qui doit, évidemment, se faire raisonnablement. À mon avis, faire des économies dans ce domaine n’est pas perspicace dans un horizon de cinq à dix ans. »

Dans leur récente analyse, les spécialistes de la société PAQ Research apportent une série de propositions pour notamment augmenter les salaires, soutenir les élèves issus de milieux défavorisés, entamer une réforme des universités ou encore prévenir l’échec scolaire, dans un pays où plus de 3 % des enfants ne terminent pas l’école primaire et 6 à 8 % des jeunes abandonnent leurs études secondaires prématurément. Selon les sociologues, des réformes réussies peuvent représenter des économies à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de couronnes.

Enfin, les chercheurs constatent que l’Etat tchèque investit le moins d’argent dans les secteurs les plus importants à leurs yeux, à savoir dans les enseignements préscolaire et universitaire.