Les écoles tchèques ouvrent leurs portes aux enfants ukrainiens

Les enfants ukrainiens au 1er Lycée slave à Prague

Les enfants constituent plus de la moitié des 150 000 réfugiés arrivés jusqu’à présent en République tchèque en provenance d’Ukraine. Selon le ministère de l’Education, près de 100 000 de ces enfants pourraient être scolarisées dans le pays. Cette semaine, les premières écoles tchèques leur ont ouvert leurs portes.

Quelques jours seulement après son arrivée en République tchèque, le petit Eduard, 10 ans, a fait sa rentrée scolaire à Prague. Il fréquente l’une des premières classes où l’enseignement sera dispensé en ukrainien. Ces classes spéciales ont été ouvertes cette semaine dans trois écoles primaires à Prague et à Brno, mais d’autres établissements du pays devraient progressivement se joindre au projet mis sur pied par le ministère de l’Education, l’ambassade ukrainienne, la fondation Enfants d’Ukraine et l’Université Charles.

Les enfants ukrainiens au 1er Lycée slave à Prague | Photo: Vít Šimánek,  ČTK

Les parents peuvent inscrire leurs enfants dans les classes ukrainiennes via le site www.detiukrajiny.cz qui permet également aux instituteurs ukrainiens de s’enregistrer. Les manuels scolaires en ukrainien sont déjà distribués dans les écoles. Situé rue Masná, non loin de la place de la Vieille-Ville de Prague, le 1er Lycée slave a ouvert cette semaine cinq classes fréquentées par une centaine d’élèves ukrainiens. Originaire elle-même du Kazakhstan et arrivée en République tchèque de l’Ukraine en 1998, Tatjana Pergler a fondé ce lycée pragois en 2006. Elle explique :

Tatjana Pergler | Photo: ČT24

« Notre objectif est que l’enseignement se déroule dans la langue maternelle et en accord avec le système éducatif ukrainien. Nous proposons des matières auxquelles les enfants sont habitués. C’est donc une sorte de continuation de ce qu’ils ont fait en Ukraine. Les enseignants et les psychologues avec qui nous collaborons vont tout faire pour aider les enfants à s’adapter au milieu tchèque. Nous allons organiser des activités extrascolaires pour eux et nous allons leur faire découvrir Prague. »

Selon le recteur émérite de l’Université Charles, Tomáš Zima, les cours en ukrainien sont actuellement assurés par de nombreux bénévoles :

Tatjana Pergler,  Tomáš  et Petr Gazdík au 1er Lycée slave à Prague | Photo: Vít Šimánek,  ČTK

« Des dizaines d’étudiants et d’enseignants bénévoles se sont adressés à nous.  Nous sommes également sollicités par des gens qui travaillent dans d’autres domaines que l’enseignement, mais qui ont une formation pédagogique. Beaucoup de femmes réfugiées ukrainiennes ont également une expérience d’institutrices ou d’assistantes d’enseignement. Nous profiterons certainement de leur expérience. »

Dans les semaines et mois à venir, près de 10 000 enfants pourraient être scolarisés à Prague, selon les estimations de la municipalité. Ils devraient fréquenter les classes ukrainiennes, mais également tchèques, pour faciliter l’intégration de nouveaux élèves. Cette stratégie a été adoptée par la ville de Cheb, dans l’ouest de la Tchéquie. On écoute de maire de Cheb, Antonín Jalovec :

Cheb | Photo: Municipalité de Cheb

« Nous avons réfléchi sur les deux possibilités de prise en charge des enfants ukrainiens, c’est-à-dire sur la création des classes spéciales où ils poursuivraient l’enseignement en ukrainien ou alors sur leur accueil dans les classes tchèques. Nous avons opté pour cette deuxième solution. Ces enfants vont rester plusieurs mois, peut-être même plus longtemps. Il serait bien qu’ils s’intègrent dans le milieu tchèque. »

Dans son manuel destiné aux réfugiés ukrainiens et publié cette semaine, le ministère tchèque de l’Education souligne que les enfants ne doivent pas entrer à l’école immédiatement après leur arrivée en République tchèque. Les parents peuvent attendre jusqu’à trois mois avant de les inscrire, pour leur laisser le temps de s’adapter à une nouvelle vie.