Les Eglises sont remontées contre le parti social-démocrate
Les représentants de trois cultes en République tchèque ne sont pas contents et ils le disent. C’est une affiche du Parti social-démocrate tchèque (ČSSD) qui fait polémique. Sur celle-ci, on voit très clairement qu’un sac rempli de billets est tendu vers une main qui, à n’en pas douter, est celle d’un clerc. La légende nous explique que les partis de la coalition gouvernementale de droite ODS et TOP 09 veulent faire cadeau de 134 milliards de couronnes (plus de cinq milliards d’euros) aux Eglises, en référence à la loi de restitutions des biens à 17 cultes en République tchèque. Catholiques, juifs et protestants n’ont pas apprécié ce qu’ils considèrent être une campagne « de propagande ».
Même son de cloche du côté du président de la Communauté juive de Prague, František Bányai, qui estime que les sociaux-démocrates ont une vision manichéenne de la restitution des biens aux Eglises :
« Cette campagne ne dit rien sur le thème de la restitution. Elle diffuse des positions négatives qui engendrent la jalousie et le sentiment que quelqu’un reçoit plus qu’il ne le devrait. Il n’est pas possible de faire une campagne aussi orientée, aussi négative. Elle ne profite à personne et le registre de l’émotion sur laquelle elle joue aurait besoin d’une approche plus terre-à-terre. »Les sociaux-démocrates considèrent pour leur part que les représentants de ces trois cultes ont tort de faire l’amalgame entre la question de la liberté de culte, qu’ils ne remettent absolument pas en cause et la question de la restitution de biens publics, qui mérite, selon eux, débat. Surtout ils n’ont pas supporté les allégations du cardinal Dominik Duka qui assimile la campagne d’affiches du parti de Bohuslav Sobotka, à celle « antisémite et anticléricale du régime nazi » et ajoute qu’elle serait inspirée par « les idéologues rouges de Gottwald », président de la Tchécoslovaquie communiste de 1948 à 1953 et stalinien pratiquant. Lubomír Zaorálek, le vice-président du Parti social-démocrate a réagi peu après la déclaration commune des Eglises qu’il n’a visiblement pas du tout appréciée :
« Il m’apparaît que Monsieur le Cardinal s’est permis quelque chose qui relève au minimum du mauvais goût. Quand il assimile la conduite du Parti social-démocrate à une chose telle que l’argumentation et la propagande du troisième Reich, cela me touche vraiment. Surtout venant de représentants du culte catholique dont le rôle pendant la Seconde guerre mondiale n’est pas clairement établi. Cela me semble scandaleux et de très mauvais goût. »L’opposition considère pour sa part que la campagne des sociaux-démocrates s’inscrit dans la lutte préélectorale en vue des élections régionales et sénatoriales d’octobre prochain. Cette passe d’armes traduit sans doute un climat qui n’est pas encore apaisé dans la relation qui lie la religion à l’Etat, car si les sénateurs mettent leur veto au projet de loi, les députés, en seconde lecture, ont de fortes chances de l’approuver définitivement.