Les employés étrangers travaillent plus mais gagnent moins que les Tchèques
Depuis trois ans, le nombre d’étrangers installés en République tchèque baisse progressivement. A la fin du mois de novembre derniers, ils étaient un peu plus de 406 000 à vivre légalement dans pays. Le récent rapport du Centre pour l’étude de l’opinion publique, présenté mardi dernier, démontre que les étrangers, quelle que soit leur formation, sont employés en tant que main-d’œuvre peu ou non qualifiée et leurs revenus sont inférieurs à ceux des Tchèques, malgré un temps de travail plus important.
54 heures par semaine – tel est le nombre d’heures de travail de la majorité des Vietnamiens en République tchèque. Les Moldaves et les Ukrainiens, quant à eux, travaillent en moyenne 52 heures par semaine, comparé à la durée moyenne de travail d’un Tchèque située entre 40 et 44 heures. Pourtant, la majorité des employés étrangers en République tchèque, essentiellement ukrainiens, vietnamiens, russes, moldaves ou ressortissants des pays de l’ancienne Yougoslavie, touchent un salaire mensuel inférieur de plusieurs milliers de couronnes à la moyenne nationale.
Si les travailleurs étrangers en République tchèque envoient 16% de leurs revenus dans leurs pays d’origine, les Ukrainiens (60%) ainsi que les Vietnamiens (47%) seraient les plus nombreux à soutenir financièrement leurs familles, comme l’explique Yana Leontiyeva de l’Institut de sociologie de l’Académie des Sciences, elle-même d’origine ukrainienne :
« Evidemment, les étrangers qui ne sont pas en difficultés financières arrivent souvent en République tchèque avec leurs familles. Notre étude a confirmé que, malheureusement, les immigrés ukrainiens ou moldaves sont très nombreux à venir seuls, sans enfants et sans conjoints. Ils arrivent avec l’objectif de gagner suffisamment d’argent pour pouvoir soutenir leurs familles dans leurs pays d’origine. »Les Ukrainiens et les Vietnamiens représentent aussi la majorité des entrepreneurs étrangers issus de pays tiers. Les Slovaques, quant à eux, sont parmi les hommes d’affaires des pays de l’Union européenne les plus nombreux. Au total, les étrangers constituent 4% de la population du pays, ce qui place la République tchèque au-dessous de la moyenne européenne qui est de 6%.
Depuis 2008, le nombre d’étrangers est en baisse, l’une des conséquences, selon les sociologues, de la récession économique. Craignant la hausse du chômage, le ministère tchèque du Travail et des Affaires sociales a décidé d’être désormais plus strict à l’égard des ressortissants des pays tiers et de rendre notamment plus sévères les règles d’obtention du permis de travail. Lucie Sládková qui dirige la filiale tchèque de l’Organisation internationale des migrations ne croit pas à l’efficacité de telles mesures :
« Je ne pense pas que le fait de ne pas prolonger le permis de séjour aux étrangers permettra d’embaucher plus de Tchèques. »Par contre le nombre de ressortissants des pays de l’UE pourrait, dans le futur, augmenter. Selon les statistiques, ils représentent un tiers des étrangers en République tchèque, mais leur nombre réel est probablement plus élevé.