Les enfants tchèques ont une alimentation déséquilibrée, source de futures maladies

Foto ilustrativa: Štěpánka Budková

Trop de sel, trop de sucres, trop de matières grasses, trop d’acides gras saturés. Et surtout une mauvaise répartion de ces composants dans l’alimentation des bébés et des enfants. Tel est le résultat d’une étude qui a suivi de nombreux enfants de tous âges et qui met en garde contre les conséquences nocives pour la santé qu’une alimentation déséquilibrée dès le plus jeune âge peut avoir sur les adultes de demain.

Petr Tláskal,  photo: Alžběta Švarcová,  ČRo
De 2007 à 2014, la Société pour l’alimentation a suivi la façon dont se nourissent des dizaines d’enfants tchèques âgés entre 6 mois et 15 ans. Et les résultats de cette étude publiée mardi sont édifiants, comme le relève Petr Tláskal, le président de cette société :

« Nous nous sommes rendu compte que dès le plus jeune âge, la consommation de sel est supérieure d’un gramme à ce qu’elle devrait être. Chez 10% des enfants suivis, elle se rapproche même de la quantité conseillée pour les adultes. Il s’agit notamment du sel de cuisine classique. Mais le problème se trouve également dans d’autres nutriments. Il y a une mauvaise répartition des matières grasses, trop d’acides gras saturés. Les premières peuvent être nocives pour la santé, les seconds peuvent au contraire être bénéfiques, mais à certains moments. »

Photo: ČT
Alors que les premières années de croissance sont essentielles pour le développement de l’enfant et de l’adolescent, de mauvaises habitudes alimentaires peuvent avoir pour conséquence, toujours selon cette étude, l’apparition de maladies dites « de civilisation » à l’âge adulte : ainsi une forte tension artérielle augmente le risque d’AVC.

Si certains parents sont à l’origine des mauvaises habitudes alimentaires de leurs rejetons, l’école n’arrange pas forcément les choses. Et surtout pas les cantines scolaires, comme le regrette cette mère de Děčín, dans le nord de la République tchèque :

« Je ne pense pas que mon fils soit particulièrement difficile avec la nourriture. Mais c’est vrai qu’il m’a dit plusieurs fois qu’il n’avait pas mangé son déjeuner à la cantine. Même pas la soupe, alors qu’à la maison on en mange et qu’il aime ça. J’ai eu connaissance de la composition des menus de la cantine après que mon fils est tombé malade. Nous allions chercher les repas et les ramenions à la maison : c’était assez gras, très salé, et pas vraiment bon. »

Photo illustrative: ČT
En cause, notamment, le manque de moyens des cantines qui doivent composer des menus pour beaucoup d’enfants, mais aussi une réglementation de la composition des repas dans ces structures scolaires qui n’a pas évolué depuis 20 ans, comme le remarque la gérante d’une cantine :

« Il y a une sorte de ‘panier de consommation’ préétabli qui détermine les quantités de produits laitiers que l’enfant doit manger, mais aussi combien de viande, de légumes et de fruits. Mais ces normes sont obsolètes. Lorsque nous suivons des formations, on nous dit qu’il faudrait intégrer davantage de fibres et de céréales. »

Photo: ČT24
Autre fléau qui fait bondir les nutritionnistes, la présence dans les écoles de distributeurs automatiques de biscuits, barres chocolatées et autres boissons sucrées. Daniela Šupková, conseillère-nutritionniste met en garde contre les méfaits de leur présence dans les établissements scolaires :

« Le temps de la récréation, les enfants consomment la moitié de la dose de sucre qu’ils doivent absorber quotidiennement. Ils recoivent une importante dose énergétique à mesure que le sucre circule dans le sang ce qui a pour conséquences de l’hyperactivité et un manque de concentration. La consommation immodérée de ces sucres est à l’origine de problèmes cardiaques et est un facteur d’obésité. »

Avec 21% d’hommes et 31% de femmes souffrant d’obésité, la République tchèque se place en tête des pays européens. Un problème de santé publique que pourrait en partie résoudre une meilleure éducation alimentaire dès le plus jeune âge.

Photo illustrative: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Pour lutter contre les méfaits des diverses boissons et barres sucrées, l’amendement à la loi scolaire interdit notamment à partir du 1er septembre, toute publicité et vente d’aliments « en contradiction avec les exigences d’une alimentaire saine » des enfants. A charge pour le ministère de la Santé de préparer une directive établissant précisément quels produits ont leur place dans les établissements scolaires. Problème : à moins d’un mois de la rentrée scolaire, la directive n’est toujours pas prête et il n’est toujours pas clair quand elle sera mise en circulation.

En attendant, les écoles peuvent au moins s’inspirer des recommandations émises par différentes initiatives et associations à l’origine des changements prévus par la loi. Les boissons non-sucrées, les fruits, les produits laitiers devraient désormais se faire une place dans les distributeurs automatiques ou les cafétérias des écoles de République tchèque.