Les femmes dans l’armée sont-elles plus courageuses que les hommes ?
Depuis plus de soixante-dix ans, l’Armée tchèque n’est pas formée uniquement d’hommes mais aussi de femmes. C’est à elles qu’est consacrée l’exposition intitulée « Les femmes sur les champs de bataille et dans les bases arrière », qui se tient actuellement devant le siège de l’Etat-major de l’Armée tchèque, situé sur la place de la Victoire (Vítězné náměstí), dans le VIe arrondissement de Prague.
« Il est difficile de le dire précisément. D’une part, cette exposition présente des femmes dans les uniformes. Les premières femmes qui ont intégré des unités de combat et ont participé ensuite aux opérations militaires, sont apparues en 1942 lors de la création de l’unité militaire tchécoslovaque à Bouzoulouk en Russie. Mais l’exposition montre également des femmes actives dans la résistance ou des femmes médecins et infirmières qui ont travaillé dans l’hôpital de campagne de Jan Amos Komenský lors de la guerre d’Espagne dans les années 1930. L’histoire des femmes tchèques dans l’armée est donc très riche. »
Toujours selon Jindřich Marek, la présence des femmes dans l’armée a toujours été considérée comme très importante car, en plus de leurs devoirs habituels, les femmes soldats apportent un réconfort moral aux hommes, d’où le sous-titre de l’exposition « souvent plus courageuses que les hommes » :
« J’ai parlé par exemple avec quelques membres d’une unité parachutiste qui a opéré en Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs dizaines de femmes ont suivi un entraînement dans ce corps. Et les hommes m’ont confié qu’ils avaient ressenti de la peur avant leurs premiers sauts, mais qu’ils avaient trouvé du courage quand ils ont vu avec quelle envie sautaient certaines femmes. De même, pendant leur déplacement sur le front avant la bataille de Sokolovo, près de Kharkiv en Ukraine, les soldats tchécoslovaques ont dû parcourir plus de 350 kilomètres dans le froid. De nombreux hommes ont survécu à cette marche seulement parce qu’ils ont vu que les filles, elles aussi, étaient capables de résister. »Et que pensent de tout cela les principales concernées par cette exposition, les femmes ? Parmi les personnalités présentées figure Jana Růžičková, ancienne porte-parole de l’Armée tchèque. Cette colonelle qui a commencé sa carrière militaire, il y a vingt-sept ans de cela, dans l’unité parachutiste de Chrudim et a participé à plusieurs missions à l’étranger, dont celle en Bosnie en 2000, n’est pas tout à fait d’accord :
« Je dirais les choses un peu différemment. La femme doit souvent faire plus d’efforts que ses collègues masculins pour prouver ses capacités, et cela est d’autant plus vrai quand elle porte un uniforme. »Enfin, l’exposition montre également l’évolution de la place de la femme dans l’armée au cours des années. Jindřich Marek :
« Nous avons consacré une partie de l’exposition également à des femmes militaires actuelles qui s’engagent dans différentes missions à l’étranger, souvent assez dangereuses, comme par exemple en Afghanistan, dans les Balkans ou en Afrique. Aujourd’hui, il n’y a plus uniquement des femmes qui travaillent dans les corps médicaux, les unités de liaison ou qui occupent d’autres positions auxiliaires dans les forces armées. On rencontre également des femmes parachutistes ou pilotes. Les femmes sont donc de plus en plus représentées dans tous les domaines de l’armée, et ce dans l’Armée tchèque comme au sein par exemple des forces de l’OTAN. »
C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé, lors du vernissage de l’exposition, le chef d’Etat-major, Josef Bečvář, selon qui environ 3 000 femmes tchèques travaillent actuellement pour l’Armée, représentant ainsi près de 13 % de ses effectifs.L’exposition « Les femmes sur les champs de bataille et dans les bases arrière » est à découvrir jusqu’au 14 septembre.