Les gouvernements tchèque et slovaque affichent leur bonne entente

Petr Nečas et Robert Fico, photo: CTK

Vingt après le divorce de velours qui a marqué la fin de la Tchécoslovaquie et la naissance de deux Etats indépendants - la République tchèque et la Slovaquie - les deux voisins semblent vivre une véritable idylle. Pour la première fois depuis ces événements, les gouvernements au complet des deux pays étaient ainsi réunis lundi. Une journée qui a permis à Petr Nečas et Robert Fico de confirmer les positions communes des deux pays tant sur l’énergie nucléaire que sur la coopération militaire ou encore de trouver un accord sur le prolongement du canal Baťa.

Petr Nečas et Robert Fico,  photo: CTK
Comme au temps de la défunte Tchécoslovaquie, les hymnes tchèque et slovaque ont à nouveau retenti l’un après l’autre lundi, d’abord à Uherské Hradiště (sud-est de la Moravie) le matin, puis à Trenčín, à 70 kilomètres plus loin en Slovaquie, l’après-midi. Les gouvernements au complet des deux pays se rencontraient pour la première fois depuis vingt ans. La date est symbolique puisque, dimanche, les Tchèques, à la différence des Slovaques, célébraient le 94e anniversaire de la fondation de la Première République tchécoslovaque.

Cette journée s’est déroulée dans une ambiance visiblement très chaleureuse, mais pas seulement, puisqu’elle a été également marquée par une certaine solennité entre deux Etats certes indépendants mais qui partagent toujours une histoire forte, une langue proche et une riche culture, respectueux et égaux l’un vis-à-vis de l’autre. C’était le sens de l’intervention du Premier ministre social-démocrate slovaque Robert Fico en début de réunion, rappelant au passage que la Slovaquie a su s’émanciper de son voisin, un voisin tchèque autrefois dominant :

Robert Fico,  photo: CTK
« Notre Etat indépendant est arrivé à maturité et nous sommes désormais les seuls responsables de nos actes. Nous ne pouvons en vouloir à personne d’autre qu’à nous-mêmes pour nos erreurs. Mais nos victoires sont aussi le fruit de notre travail. Je veux remercier tous les citoyens tchèques pour la compréhension et l’esprit positif avec lesquels ils ont accepté le désir slovaque d’indépendance et de maturité. La Slovaquie indépendante a pour vous les bras ouverts, prête à vous étreindre. »

Passé ce lyrisme introductif, les ministres avaient du pain sur la planche avec l’ambition de signer plusieurs accords de coopération, et tout d’abord sur le plan militaire. On écoute le Premier ministre tchèque :

« Le domaine dans lequel il y a un potentiel comparativement très important de collaboration, et sur lequel nous voulons insister avec M. Fico, est celui de la défense et de l’armée. Nous sommes certains qu’il y a là un espace énorme si l’on considère que nos deux pays ont des racines communes, des langues proches et que nos traditions militaires sont très similaires. Par beaucoup d’aspects, nos deux armées sont compatibles et opérantes et nous devons en profiter. »

Petr Nečas,  photo: CTK
Petr Nečas évoque une coopération renforcée par exemple dans le cadre de l’OTAN, quand Robert Fico, qui mène lui aussi une politique d’austérité dans son pays, entend réaliser des économies d’échelle en rapprochant les deux armées. Le secteur de l’énergie constitue le deuxième pôle d’entente entre les deux pays qui ont réaffirmé leur volonté de développer leur accès à l’énergie nucléaire et de défendre cette position au niveau européen, malgré les protestations de l’Autriche et la décision de l’Allemagne de se passer de cette ressource. Robert Fico :

« Nous refusons que les institutions européennes politisent la question de la sécurité de nos centrales nucléaires, car il s’agit d’une question technique. Et nous demandons à nos partenaires européens et à la Commission européenne d’informer honnêtement sur le fait que nos centrales répondent à des normes de très haute sécurité. »

Les deux gouvernements veulent peser également auprès de la zone euro, la Slovaquie pouvant relayer dans une certaine mesure la position de la République tchèque, qui, contrairement à son voisin, ne fait pas partie du groupe de pays ayant adopté l’euro. D’autres accords ont été trouvés dans le domaine des transports, du tourisme et du sport, tels que le prolongement du canal Baťa ou encore la possible organisation en commun des championnats du monde de hockey sur glace en 2015. La plupart de ces déclarations d’intentions n’aboutiront sans doute pas. Cependant, l’expérience d’une première rencontre gouvernementale tchéco-slovaque semble avoir été concluante pour les deux parties et pourrait être reconduite chaque année.