Les jeunes Slovaques aiment faire leurs études en Tchéquie
La forte présence des jeunes Slovaques dans les universités tchèques est le premier grand thème de cette revue de presse qui se penchera aussi, une nouvelle fois, sur le climat qui règne au sein de la société tchèque en rapport avec la question des réfugiés, une question brûlante de l’actualité internationale que la République tchèque ne saura éviter. Au programme également, la question de nouveaux projets de construction qui sont prévus à Prague, dont la réalisation permettra d’accueillir dans la capitale quelques centaines de nouveaux habitants. Quelques mots enfin au sujet des préparatifs d’un nouveau film tchèque qui sera consacré au célèbre athlète, Emil Zátopek.
« Au lendemain de la partition de la Tchécoslovaquie, en 1993, la tendance était de réduire l’afflux d’étudiants slovaques en Tchéquie en établissant des quotas. Aujourd’hui, en revanche, l’accord concerné permet à tout candidat slovaque qui remplit les critères nécessaires de s’inscrire et d’étudier gratuitement dans une université tchèque et d’utiliser même sa propre langue natale, le slovaque, qui est très proche de la langue tchèque. »
Même si cet accord offre les mêmes conditions à la partie tchèque, peu d’étudiants tchèques, soit à peine plus de 800, profitent de la possibilité d’aller faire leurs études en Slovaquie. Vladimír Barák explique dans les pages de la revue les causes de cette disproportion :
« Les Tchèques ne voient pas en Slovaquie une très grande perspective, tandis que les Slovaques considèrent l’enseignement supérieur tchèque comme très attrayant et de meilleure qualité. La proximité culturelle et linguistique entre les deux nations joue, aussi, un rôle important. En plus, beaucoup de Slovaques ont en Tchéquie des liens sociaux et affectifs qui facilitent leur établissement dans le pays. »
Cet état de choses est cependant publiquement dénoncé par certains qui considèrent que les Slovaques occupent des places dans les universités qui devraient être réservées aux jeunes Tchèques. L’hebdomadaire Týden remarque que dans ce but, plusieurs initiatives « anti-slovaques » ont été lancées sur internet. Ceci dit, les autorités tchèques, pour leur part, n’envisagent pas d’annuler l’accord concerné, d’autant plus que dans certaines écoles supérieures on voit plus de places libres que de candidats et que, leurs études une fois terminées, beaucoup de Slovaques restent en Tchéquie, afin de se mettre en valeur sur le marché du travail local. Une façon de participer au développement économique du pays.
La peur des Tchèques face aux réfugiés, une peur de l’inconnu
« Nous avons réussi à deux reprises à nous occuper d’eux, pourquoi, aujourd’hui, devrait-on paniquer ? », s’interroge l’auteur d’une analyse concernant l’approche des Tchèques à l’égard des réfugiés, qui a été publiée dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. Il rappelle que les craintes et l’incertitude se propagent dans le pays depuis qu’a été évoquée l’éventualité de quotas européens pour la répartition des réfugiés, et constate :« Le rejet des ressortissants arabes et africains qui sont en ce moment retenus dans des camps dans le sud de l’Europe, constitue un trait qui semble unir les habitants des petites communes et des grandes villes, les ministres de gauche et l’opposition de droite, les communistes et les services de renseignement. La société jusqu’alors et depuis longtemps divisée, s’est unifiée comme si elle avait enfin trouvé son intérêt national : empêcher l’arrivée dans le pays de 1 800 ressortissants syriens et érithréens ».
Pourtant, dans un passé récent, le nombre de réfugiés accueillis dans le pays et supérieur à celui envisagé aujourd’hui, n’inquiétait personne. Dans la première moitié des années 1990, le pays a en effet ouvert ses portes à 3500 réfugiés bosniaques, pour la plupart musulmans, tandis que quelques années plus tard, c’était au tour de réfugiés venus du Kosovo. En leur offrant l’asile, la Tchéquie a accompli dignement une tâche difficile. A ce sujet, Tomáš Lindner souligne :
« La Tchéquie peut être fière d’avoir su gérer, peu après la révolution de Velours, deux crises en rapport avec les réfugiés. Fort de cette expérience, notre Etat qui est assez riche et sûr de lui a donc tout pour pouvoir faire face à ce nouveau défi. Toutefois, la fierté semble en ce moment oubliée. En outre, le débat public omet un autre constat positif, car selon les responsables en charge de la migration, le système tchèque d’asile et d’intégration est en bien des points dans une meilleure condition que dans les autres pays postcommunistes ».
En comparaison des autres pays de l’Union européenne, la République tchèque compte un nombre de ressortissants étrangers très bas. L’année dernière, près d’un millier de personnes y ont demandé l’asile, dont quelque 400 l’ont finalement obtenu. Selon un sondage de l’agence Median au sein de la population locale auquel se réfère l’article dans l’hebdomadaire Respekt, 40 % des personnes interrogées seulement ont rencontré en personne un étranger et ce sont également celles-ci qui sont les plus réticentes à l’égard des réfugiés. Une occasion pour l’auteur de l’article de constater que la peur des réfugiés est une peur de celui que l’on ne connaît pas.
Sans grandir, Prague va « s’épaissir »
Pour les architectes, il s’agit de l’épaississenent urbain, tandis que pour les représentants politiques il y a lieu de parler du peuplement. En dépit de cette différence de notions, les deux camps sont unanimes sur un point : Prague est à même d’absorber plus de 400 000 nouveaux habitants sans avoir besoin de s’étendre sur les terrains et les champs voisins. Le journal Lidové noviny a apporté à ce sujet quelques détails :« La municipalité de Prague prépare un nouveau plan urbain stipulant des démarches qui pourront fondamentalement modifier l’image de la capitale tchèque. Celles-ci envisagent la réalisation de nouvelles constructions sur des surfaces dites de développement dont Prague possède à l’heure actuelle plus de 7,5 mille hectares. Ne sera pas touché, évidemment, le centre de la ville qui est d’ores et déjà assez dense et peuplé, mais surtout des agglomérations périphériques et même des quartiers pas très éloignés du centre, comme le quartier de Smíchov, par exemple. »
Les nouveaux quartiers sont désormais conçus par les architectes et les urbanistes de façon à proposer une variété d’édifices, des maisons d’habitation, des écoles et écoles maternelles, des magasins, des foyers pour personnes âgées, des établissements publics. L’auteur de l’article souligne également que leurs projets seront soumis aux nouvelles règles du bâtiment qui définissent de façon inédite les notions telles que la rue, la place ou les espaces verts, ainsi que le fait que ces projets sont souvent consultés lors des auditions publiques avec les habitants locaux. Une chose, précédemment, très rarement pratiquée.
Emil Zátopek sur le grand écran
A la veille de l’ouverture du Festival international du film de Karlovy Vary, le site du quotidien Mladá fronta Dnes a publié une information sur les préparatifs d’un nouveau long métrage par David Ondříček, réalisateur et scénariste, qui sera consacré au légendaire athlète tchèque, Emil Zátopek. Concernant ce projet qui sera présenté avec d’autres nouveaux projets cinématographiques lors du festival, Mirka Spáčilová a écrit :« Le réalisateur veut ainsi rendre hommage non seulement à un coureur hors du commun, mais aussi à des duels empreints d’esprit chevaleresque que disputaient les athlètes à l’époque où les motivations financières ne jouaient aucun rôle, ainsi qu’aux idéaux qui permettent de surmonter des moments pénibles, dans les différents pays du monde qui souffrent d’un manque de liberté. ».
Selon les propres paroles du réalisateur David Ondříček, le film sur Zátopek sera le récit d’un outsider, d’un garçon à la voix flûtée que l’on confondait avec une fillette, d’un enfant chétif, d’un sportif pas très doué au début. Un récit à la fois sur un homme doté d’une immense volonté et du désir de gagner, un homme têtu et indomptable qui est devenu une légende.