Les jeunes Tchèques boivent et fument moins, mais toujours plus que les jeunes Européens
Bonne nouvelle : les jeunes Tchèques boivent moins d’alcool, fument moins et se droguent (un peu) moins qu’il y a quelques années de cela. Mauvaise nouvelle : ils restent quand même les plus grands consommateurs d’alcool, de tabac et de cannabis en Europe. Tels sont les deux principaux enseignements, en ce qui concerne la République tchèque, qui ressortent du Projet européen d'enquête en milieu scolaire sur l'alcool et les autres drogues (ESPAD), une enquête réalisée tous les quatre ans dans trente-cinq pays européens dont les résultats ont été publiés mardi.
« Nous restons au-dessus de la moyenne pour ce qui est de l’usage du cannabis. Nous figurions à la première place il y a quatre ans de cela, et nous figurons toujours à la première place quatre ans plus tard. Mais nous sommes au-dessus de la moyenne également en ce qui concerne le tabac, comme pour la consommation des sédatifs. »
Selon les données publiées en mai dernier par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, un cinquième de la population tchèque âgée de 15 à 34 ans a déclaré avoir consommé au moins une fois du cannabis durant l’année écoulée. Quant aux jeunes âgés de 15 et 16 ans, ils étaient 42 % à en avoir déjà fait l’expérience. Les résultats qui ressortent de l’enquête européenne sont, eux, sensiblement inférieurs. Néanmoins, plus d’un tiers des adolescents ayant répondu affirment avoir déjà essayé les effets du cannabis.
C’est donc d’abord du côté des fumeurs d’une autre plante, le tabac, qu’il faut chercher une évolution plus positive :
« Il y a quatre ans de cela, nous avions 8,5 % de gros fumeurs, alors que nous en sommes maintenant à 4,5 % pour ceux qui consomment plus de dix cigarettes quotidiennement. Cela représente une baisse de moitié environ du nombre de jeunes fumeurs. »S’ils fument donc moins, les jeunes Tchèques boivent moins également. Et cette baisse, de l’ordre d’un cinquième en l’espace de quatre ans, est plutôt significative. Désormais, ils ne sont plus que 12 % à affirmer boire cinq verres et plus d’une boisson alcoolisée lors d’une même occasion. Une donnée qui étonne même Ladislav Csémy :
« Très honnêtement, je dois reconnaître que ces chiffres m’ont surpris, et ce pour une raison principale : tandis que différentes mesures ont été adoptées pour lutter contre la consommation des drogues illégales et que de nombreux programmes de prévention ont été mis en place, il n’existe rien dans le domaine de l’alcool. Mais ce qui me surprend le plus, ce n’est pas tellement la tendance à la baisse observée, mais l’importance de cette baisse. »
En avril dernier, peu de temps après une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies qui avait acté le fait que la guerre contre la drogue était un échec général, le ministre de la Santé, Svatopluk Němeček, avait déclaré que la République tchèque, qui compte un des plus faibles taux de mortalité par overdose au monde, pourrait servir de bon exemple de pays menant une politique équilibrée et fructueuse en la matière. Aujourd’hui, les autorités tchèques se félicitent d’avoir choisi un juste milieu entre prohibition totale et criminalisation des consommateurs d’un côté et légalisation de l'autre (cf. : http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/drogues-a-lonu-la-tchequie-a-mis-en-avant-sa-politique-de-prevention-et-de-traitement).Reste que si cette politique plutôt préventive et non répressive porte ses fruits dans la lutte contre les stupéfiants, ses limites apparaissent dès lors qu’il s’agit des drogues dites « légales » que sont l’alcool, le tabac, voire le cannabis, où la possession de « petites quantités » (15 grammes de marijuana ou 5 grammes de résine) est tolérée en République tchèque. Ainsi, pas moins de 96 % des Tchèques âgés de 16 ans ont déjà trempé leurs lèvres dans un verre d’alcool au moins une fois dans leur vie. Une réalité que regrette Ladislav Csémy :
« Très souvent, cela dépend de la conscience des parents. Ce sont d’abord eux qui laissent faire leurs enfants, alors qu’ils savent parfaitement ce qu’ils font. Cela vaut pour l’ensemble de la société tchèque, qui est très tolérante à l’égard de l’alcool et du tabac. »Autre phénomène constaté pour la première fois par l’enquête : plus de 20 % des jeunes Tchèques concèdent passer plus de quatre heures par jour sur Internet, tandis que 10 % ont déjà participé à des jeux d’argent en ligne. Une autre forme de dépendance dont l’évolution est encore à considérer avec des pincettes, mais qui pourrait néanmoins progressivement remplacer la dépendance aux drogues, que celles-ci soient légales ou illégales.