Les Juifs en Bohême du Nord (suite) : à la découverte des cimetières juifs de la région

Photo: Tomas Pulc
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Nous vous avons parlé, récemment, de l'histoire des Juifs en Bohême du Nord : deux expositions leurs sont consacrées, jusqu'à fin avril, au Musée de Most, une des villes de la région. Nous vous avions promis de revenir dans cette partie industrielle du pays, qui a su conserver son charme et son authenticité, et ceci malgré les interventions brutales de l'homme sur le milieu. Tomas Pulc, électricien qui a aussi travaillé, pendant un certain temps, dans les mines de lignite locales, s'est lancé, il y a quelques années, dans la découverte des vestiges du passé de ce coin du pays. Membre de la Communauté juive de Teplice, ville dont on reparlera dans quelques instants, il a photographié les anciens cimetières juifs au nord-ouest de la Bohême.

Parmi ses photos, actuellement exposées au Musée de Most, il y en a une qui est assez frappante et... significative : quatre hommes marchent sur un champ défoncé quelque part près de Teplice, un champ qui fut, jadis, vous vous en doutez déjà, un cimetière juif. Et ce n'est pas la seule surprise que Tomas Pulc a été confronté lorsqu'il se baladait, dans la région, avec son appareil photo. On l'écoute :

« Par exemple, le cimetière juif qui se trouvait dans l'actuelle zone industrielle de la ville de Chomutov, derrière le cimetière communal, a été détruit dans les années 1986-87, dans le cadre d'une brigade socialiste, et transformé en un parc. Un autre cimetière a été détruit, de la même manière, dans la petite ville de Postoloprty. En plus, aucune trace n'a été laissée, aucune photographie, aucune liste des monuments funéraires...Alors je voulais au moins en témoigner à travers ces photographies. »

Tomas Pulc, ainsi que toute la communauté juive de Teplice, s'occupe également de l'entretien des cimetières juifs existants.

« Les prisonniers de Drahonice nous aident à rénover le cimetière juif local. Ensuite, nous sommes aidés par des personnes condamnées à des travaux d'intérêt public à Teplice et à Most. Et cette collaboration se passe très bien. Ca vaut vraiment le coup d'entretenir ce patrimoine. Des inscriptions sur les monuments funéraires nous disent qui a vécu dans telle ou telle ville, comment il a vécu...Ces tombeaux sont de véritables oeuvres d'art, tant par leur forme que par les ornements - bien que ces derniers soient plutôt une spécialité de la Moravie du Sud. Même ici, certains tombeaux en grès sont vraiment très beaux. »

En 1993, les dix communautés juives en République tchèque comptaient 3000 membres. Celle de Teplice, qui regroupe les Juifs de presque toute la Bohême du Nord-Ouest (de six villes au total), dénombre précisément 126 personnes. Mais avant la Deuxième Guerre mondiale, ce fut, avec ses 6000 membres, la deuxième plus grande communauté juive après celle de Prague. La ville pouvait se targuer de la plus importante synagogue en Europe centrale, qui a complètement brûlé en 1939... Aujourd'hui, la Communauté juive de Teplice a deux missions principales : la sauvegarde de son patrimoine, dont nous venons de parler, et des activités sociales. Réussit-elle à élargir les rangs de ses membres ? Oldrich Latal, président de la Communauté :

« Vous savez, 75% de nos membres ont plus de 75 ans... Mais en 2005, nous avons organisé au Musée de Teplice des célébrations de la Hanoukkah ouvertes à tous et elles ont beaucoup plu au public. Ensuite, plusieurs jeunes ont décidé de nous rejoindre. »

Auteur: Magdalena Segertová
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