Les Libanais ont manifesté au centre de Prague
« Je suis avocate au Liban, je suis venue ici pour du travail, pour deux mois seulement et il paraît que j'y serai un peu plus longtemps... » Mme Paola Kattar est l'une des deux cent Libanais et Libanaises qui se sont réunis, lundi après-midi, sur la place de la Vieille Ville à Prague pour s'exprimer en faveur d'un cessez-le-feu au Liban. Comment vit-elle les événements « à distance » ?
«Les événements, j'en ai déjà vécu avant et maintenant je les vis à Prague et c'est pire d'être loin et de ne pas savoir vraiment ce qui se passe là-bas. Ma famille se trouve au Liban ».
Quel regard portez-vous sur le conflit ? « C'est trop compliqué et je pense que l'on ne saura jamais vraiment les raisons pour lesquelles le Liban doit toujours payer le prix pour toute la région. Pas seulement pour la région de la Méditerranée, mais pour tous les conflits qui se trouvent dans le monde. Nous sommes un petit pays qui voulait juste vivre et s'améliorer après quelques dizaines d'années, après avoir payé tant d'argent pour reconstruire un petit peu et nous nous sommes quand même endettés. En neuf jours, Israël vient et détruit tout. A mon sens, Israël ne répond pas juste au kidnapping de deux soldats, c'est plus que ça, c'est prémédité...Maintenant, on ne peut plus téléphoner au Liban, même les téléphones et les antennes ont été détruits. Mais je pense que le Hezbollah ne vas pas s'arrêter si l'on détruit les réserves et les ressources humaines de la population libanaise...Il faut s'asseoir à une table ronde et parler politiquement et diplomatiquement ».
A quelques exceptions près, la manifestation libanaise s'est déroulée sans le moindre intérêt des Pragois, sauf celui des médias. Ceux-ci d'ailleurs suivent de près la dernière évolution au Proche-Orient, on notera que par exemple la Télévision tchèque couvre le conflit par l'intermédière de ses correspondants à Haïfa et à Beyrouth. En ce qui concerne la diplomatie tchèque, on rappellera que sa position est traditionnellement plutôt pro-israélienne et qu'elle soutient le droit d'Israël à « se défendre », celui-ci devant pourtant trouver une juste mesure... Et les Tchèques ? Paola Kattar :« Je connais des Tchèques qui s'intéressent énormément, oui. Je connais des gens qui s'intéressent comme moi. Et j'en connais d'autres qui ne s'intéressent pas et je peux les comprendre. Ils sont loin et ils ne sont pas touchés. C'est ça le malheur du monde. Il faut être vraiment être touché directement pour compatir avec une population qui est en souffrance ».
Etes-vous décue par les réactions internationales ? « Tout à fait. C'est comme si rien ne se passait. Des gens meurent et on a quelques petites réactions de part et d'autre et ce n'est pas assez. Ce n'est pas assez pour un pays qui a tant souffert pour les autres ».
Avez-vous des amis en Israël, vous rendez-vous parfois dans ce pays ? « Malheureusement, je n'ai pas d'amis en Israël, mais ce sont les problèmes politiques qui comptent. Je n'ai rien contre la population israélienne. J'ai tout ce que je peux contre les politiciens et contre ceux qui ont des intentions mauvaises contre les Libanais. Ce n'est pas nous contre eux ».Comptez-vous rentrer au Liban, dès que ce sera possible ou bien envisagez-vous d'organiser autrement votre vie, maintenant ? « Non, je veux toujours rentrer, c'est ma patrie, j'ai mon travail, ma famille là-bas et, pourquoi pas, j'y retournerai lorsque l'aéroport sera reconstruit ».
Si la manifestation qui s'est déroulée, en silence, lundi à Prague, avait pour mot d'ordre principal la paix et la protection de la population civile libanaise, celle prévue pour ce mercredi et convoquée par des organisations et mouvements nmusulmans et communistes entre autres, est annoncée comme « anti-israélienne »... La filiale tchèque de l'Ambassade chrétienne internationale de Jérusalém craint à cette occasion une interprétation fort partiale des événements et invite par la bouche de son président, Mojmir Kallus, les amis d'Israëlà « dénoncer la propagation en Tchéquie des sympathies avec le terrorisme».