Les libraires et éditeurs tchèques pour une « Journée sans TVA »

Photo: Kristýna Maková

Dans le cadre de la « Journée mondiale du livre et du droit d’auteur », qui se tient ce mercredi 23 avril, plus de 340 libraires et éditeurs tchèques ont annoncé la tenue d’une « Journée sans TVA ». Tout au long de cette journée, tout acheteur bénéficiera d’une réduction de 15% sur son achat de livres et autres publications ; une réduction qui symbolise précisément le taux de TVA auquel est assujettie l’édition. Ce taux qui avait été auparavant de 5%, avait augmenté en 2012 et 2013 sous l’impulsion de l’ancien gouvernement de Petr Nečas.

L’Association des libraires et des éditeurs tchèques, qui est à l’origine de cette initiative, veut faire pression sur les hommes politiques, pour qu’ils procèdent à une réduction effective du taux de la TVA, qui est un des plus élevés dans le monde. Si l’association vise à terme la mise en place de conditions d’imposition similaires à ceux en Grande-Bretagne, où ce taux est presque nul, elle souhaite pour le moment un taux avoisinant les 10%. Le président de l’Association des libraires et des éditeurs tchèques, Martin Vopěnka a précisé pourquoi le secteur du livre devrait être soumis à une TVA réduite :

« D’une part nous sommes une petite zone linguistique, ce qui veut dire que les livres en tchèque ne peuvent être vendus qu’aux lecteurs tchèques. C’est ce qui les rend plus chers par rapport aux marchés mondiaux, comme ceux en Allemagne ou en Grande-Bretagne, où, d’une part, les lecteurs sont beaucoup plus nombreux et où, d’autre part, le taux de TVA est bien inférieur. Puis mon deuxième argument majeur vise le réseau des bibliothèques publiques. Les livres sont traités comme un bien public. Mais si 5 000 lieux de locations gratuits existent, cela affectera forcément n’importe quel domaine. »

Selon un projet de programme de convergence pour l’Union européenne, préparé et annoncé par le ministère des Finances la semaine dernière, différents taux de TVA (à savoir 10%, 14% ou 15%) pourraient être appliqués sur différents biens et services taxés à partir de l’année 2016. Et ce sont précisément les livres qui pourraient faire l’objet d’un taux réduit à 10%. A ce sujet, tout en spécifiant que l’intérêt économique n’était pas la motivation première du métier de libraire ou d’éditeur, Martin Vopěnka a fait savoir:

Martin Vopěnka,  photo: ČT24
« J’accueille ces déclarations comme un pas dans la bonne direction, étant donné que la TVA avait augmenté à quatre reprises ces dernières années. Toutefois, je considère que le seuil optimal, serait le seuil des 5%, afin que l’on puisse se situer dans la moyenne des pays européens occidentaux. »

Pour sa part, Jiří Schwarz, spécialiste du Centre d´analyses économiques et des marchés n’est pas tout à fait convaincu des mesures gouvernementales prévues, dans la mesure où la rupture de l’unification du système d’imposition créerait des conditions inégales dans l’entreprenariat. Jiří Schwarz a tenu à préciser :

« Il s’agit d’un secteur très concurrentiel, qui comprend de nombreux éditeurs. Bien que leur nombre diminue, la concurrence y est toujours très importante. Nous allons bien voir ce qui va se passer au niveau des prix, s’ils vont effectivement diminuer de 5%. La concurrence est néanmoins à un niveau tel, qu’il serait possible d’atteindre cet objectif. Mais je ne pense pas qu’un prix réduit entraînerait automatiquement une demande très flexible. »

Photo: Kristýna Maková
A l’heure actuelle, il existe en République tchèque, près de 600 librairies, dont 187 font partie de chaînes de magasins, ainsi que 50 librairies spécialisées. En 2012, les Tchèques avaient déboursé pour les achats de livres près de 8,2 milliards de couronnes (soit environ 303 millions d’euros). A l’occasion de cette Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, les éditeurs et libraires tchèques veulent manifester leur mécontentement, car c’est peut-être bien la hausse de la TVA qui pourrait compromettre le fonctionnement des librairies à l’avenir.

Pour sa part, l’Union des éditeurs de presse écrite a également manifesté son souhait de voir réduire pour l’année prochaine, le taux de TVA concernant ce secteur, précisant que la presse ne devrait pas être exclue de la catégorie qui pourrait bénéficier dans le futur d’un taux d’imposition réduit : une catégorie qui engloberait les médicaments, les produits de santé considérés comme étant de première nécessité, et désormais, les livres.