Les « maisons de naissance », un compromis pour les femmes qui veulent accoucher à domicile

Photo: Archivo de Radio Praga

Accoucher à domicile ou à l’hôpital ? Le débat agite depuis quelques années la société tchèque. Lundi, une commission du ministère de la Santé a choisi une solution de compromis : des « maisons de naissance » attenantes aux hôpitaux.

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En République tchèque, les femmes peuvent prévoir d’accoucher hors milieu hospitalier, mais elles ne peuvent alors bénéficier d’une aide qu’en dernier recours, lors de complications. D’un autre côté, les sages-femmes libérales qui pratiquent les accouchements à domicile n’obtiennent pas d’autorisation de travailler et se retrouvent ainsi hors la loi.

Lundi, les représentants du ministère de la Santé, de l’assurance maladie et de sages-femmes sont tombés d’accord : des « maisons de naissances » devraient être créées à côté des hôpitaux. Mais ces discussions ont été boycottées par les représentants médicaux. Vladimír Dvořák, président de la Société tchèque de gynécologie et d’obstétrique :

Vladimír Dvořák
« Les arguments de la partie adverse, lors d’un premier tour de discussions, nous ont convaincus du fait qu’il vaudrait mieux que nous ne participions pas à ce nouveau groupe de travail. »

Pour Aleš Roztočil, député et président de la commission mise en place par le ministère de la Santé, malgré l’absence des médecins, le débat sur cette question épineuse a clairement progressé, vers une prise en charge plus complexe des femmes enceintes :

« En effet, nous avons avancé. Nous avons pu discuter de ce qui nous rapproche, de ce qui ne nous pose pas de problèmes, à aucune des deux parties. Nous avons enfin évoqué les problèmes qu’il faudra régler ultérieurement. Nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il faut améliorer l’aspect psychologique de la médecine obstétrique, il faut plus d’empathie dans le rapport aux femmes qui vont accoucher et tendre vers un accouchement selon ses leurs désirs.

Aleš Roztočil,  photo: CT
Cela ne signifie pas pour autant accoucher à la maison. D’ailleurs, ce sujet n’a pas été évoqué. A l’heure actuelle une femme à le droit d’accoucher en hôpital mais on ne lui interdit pas d’accoucher chez elle. La question reste : qui sera à leurs côtés ? Or la législation n’encadre pas ce problème, et pour l’heure, nous avons décidé de ne pas traiter de cette question. »

La question reste donc entière en ce qui concerne les femmes qui continuent de vouloir accoucher à domicile. En aidant une femme à accoucher chez elle, les sages-femmes risquent de se voir infliger une forte amende pouvant aller jusqu’à un million de couronnes (environ 39 000 euros). Tel est en tout cas le fond d’une nouvelle réglementation en vigueur depuis le mois d’avril.

Sans parler des cas où l’accouchement connaît des complications. En cas de problème grave, elles peuvent être poursuivies en justice, ce qui est d’ailleurs arrivé à Ivana Königsmarková, condamnée en 2011 à deux ans avec sursis, un procès qui a fait ressurgir la question dans le débat public. Un flou juridique persistant que dénonce Marie Vnoučková, vice-présidente de l’Union des sages-femmes :

Marie Vnoučková,  photo: CT
« La réglementation actuelle reste très peu claire. Et surtout, aucune sage-femme ne peut obtenir d’autorisation d’exercer si l’on regarde attentivement cette réglementation. »

En attendant donc, les « maisons de naissance » décidées par la commission devraient être une structure intermédiaire donnant aux femmes la possibilité d’accoucher dans l’intimité, mais à proximité de l’hôpital. Leur mise en place en République tchèque pourrait être finalisée pendant l’été.