Les médecins tchèques ont réalisé une chaîne de dons de reins
Les spécialistes de l’Institut de médecine clinique et expérimentale de Prague (IKEM) ont organisé la première chaîne de dons qui a permis de transplanter des reins sur six receveurs en même temps. Ces opérations ont été effectuée les 6 et 7 novembre derniers. La Tchéquie est le troisième pays dans le monde, après les Etats-Unis et la Corée du Sud, à réaliser une telle série d’opérations nécessitant une préparation extrêmement sophistiquée.
« J’avais déjà créé la base de données vers la fin de l’année dernière. Le programme n’ayant jamais été réalisé auparavant en République tchèque, sa préparation a été donc relativement longue. Ce projet ne restera pas isolé car dans l’avenir nous souhaitons réunir un groupe de donneurs et de receveurs compatibles tous les trois mois. »
Au début, les médecins disposaient de cinq couples de donneurs et de receveurs potentiels, dont plusieurs couples mariés, qui étaient cependant incompatibles. Cela signifie qu’en cas de greffe l’organisme des receveurs rejetterait l’organe transplanté. Il a fallu donc réorganiser le groupe, créer de nouveaux couples patient/donneur dont les organismes étaient compatibles et aussi trouver un « altruiste », c’est-à-dire un donneur qui ouvrirait la chaîne des opérations et donnerait son rein par pur « altruisme » sans connaître le receveur. Ce n’est qu’après avoir réussi à résoudre ce casse-tête, que les médecins ont pu entamer la réalisation chirurgicale du projet.
La série des prélèvements et des greffes a été réalisée en deux jours par deux équipes de spécialistes dans deux salles d’opération. L’intervalle entre le prélèvement et la greffe d’organes a été très court, les reins prélevés n’étant en dehors de l’organisme que pendant quelques dizaines de minutes. Les donneurs ont pu quitter l’hôpital deux jours après l’opération, les receveurs y resteront encore pendant 10 à 15 jours. Jiří Froněk se déclare satisfait du résultat des opérations et les progrès de la convalescence des malades :
« Je peux dire que jusqu’à présent tout se déroule sans aucun problème. D’autre part, il faut dire que nous, médecins, devons être prudents et modestes. Il est vrai que les opérations ont été réalisées avec succès, mais il faut encore que les malades se rétablissent et reviennent à la vie normale. (…) Les complications menacent chaque malade ayant subi une intervention chirurgicale. Dans notre cas cependant, il s’agit d’opérations planifiées et préparées avec énormément de précision. Je pense que nous connaissons toutes les complications potentielles. Nous ne les attendons pas mais nous les prévenons activement. »Et le chirurgien d’ajouter que, même statistiquement, le nombre de ces complications chez les receveurs et les donneurs d’organes est très bas.
Cet exploit brillant des médecins tchèques apporte donc un nouvel espoir aux malades. La méthode des transplantations rénales en série permettra de raccourcir considérablement les délais d’attentes notamment chez les couples qui ne sont pas compatibles. Selon le chef de la Clinique de néphrologie de l’IKEM, Ondřej Viklický, elle leur apporte aussi l’espoir que le nouveau rein sera plus durable parce qu’il est prélevé sur un donneur vivant :
« Le rein prélevé sur un donneur décédé ne fonctionne que pendant un temps relativement limité de 8 à 10 ans. Le temps pendant lequel travaille le rein prélevé sur un donneur vivant est double. »La première transplantation rénale en Tchécoslovaquie a été réalisée en 1961. Actuellement il y a en République tchèque plus de 680 personnes qui attendent une greffe de rein et près de 4000 personnes vivent avec un rein greffé.