Les ONG People In Need et Adra fêtent vingt ans d’aide humanitaire sur le terrain
Deux des plus importantes organisations non-gouvernementales tchèques fêtent leurs vingt ans d’existence. Retour sur l’action de l’ONG Adra et de People In Need (Člověk v tísni) en République tchèque et dans le monde, ainsi que sur les résultats obtenus au cours de ces missions.
People In Need est la plus grande ONG de République tchèque et même d’Europe centrale. Son histoire remonte en réalité à 1988 au moment du terrible séisme qui frappa alors l’Arménie. A l’époque, un jeune étudiant en sciences naturelles, Šimon Pánek décide avec quelques autres comparses d’organiser une aide de Tchécoslovaquie envers ce pays frère du bloc soviétique. Šimon Pánek, directeur de People In Need :
« En décembre 1988 l’Allemagne, les Etats-Unis, la France et même la Roumanie ont apporté leur aide en Arménie. Nous avions un peu honte que la Tchécoslovaquie ne comptait pas parmi les pays qui apportaient de l’aide. Nous, trois étudiants, avons décidé de nous rendre à l’Ambassade de l’Union Soviétique, sans demander l’autorisation. Les autorités soviétiques nous ont promis d’organiser le transport de l’aide humanitaire vers Erevan avec la compagnie aérienne Aeroflot. Par la suite nous avons annoncé au bulletin d’information de la télévision tchécoslovaque une collecte organisée dans ce but. Personne ne se posait de questions et tout allait très vite. Il n’y a pas eu de réaction négative de la part de l’Etat mais j’estime que quelques années plus tôt ce geste aurait été considéré comme une manifestation exagérée de liberté et une activité indépendante. »Si l’organisation People In Need ne verra le jour officiellement qu’après 1989, cet acte fondateur est d’autant plus important que la majeure partie des pionniers de l’ONG ont été des acteurs importants de la révolution de velours. L’ex-Yougoslavie se déchire dans les années 1990, la Tchétchénie est pilonnée dans les années 2000. Et People In Need est toujours là, de même que dans bien d’autres pays en proie à des conflits locaux ou des catastrophes naturelles. Comme en Asie du sud-est après le tsunami en 2004.
C’est là aussi que l’aide de l’ONG Adra se porte immédiatement : dans un élan de générosité sans précédent de la part des Tchèques, souvent taxés d’indifférents, l’ONG recueille 124 millions de couronnes, sa plus grosse collecte. Jiří Bárta, directeur d’Adra :« La spontanéité des dons était telle, que non seulement nous avons été heureux de voir que les gens nous faisaient confiance, mais aussi nous savions que c’était notre responsabilité de faire quelque chose avec cet argent sur place. »
Mais l’action des deux ONG se reporte également vers la République tchèque, lorsque le besoin se fait sentir : comme en 2002, lors des inondations destructrices qui frappent le pays tout en entier. Jan Kamenický, directeur financier de People In Need :
« Il est intéressant de voir que la majeure partie de l’aide est venue des Tchèques eux-mêmes, grâce à une collecte qui en tout a représenté 200 millions de couronnes. »
Et quand l’aide de People In Need n’est pas uniquement en espèces, elle l’est de manière concrète avec des envois d’animaux domestiques aux agriculteurs d’Afghanistan. De même, cette aide est réinvestie sur place dans la formation des populations locales, l’idée étant que ceux-ci puissent ensuite subsister à leurs besoins, par leurs propres moyens, après avoir acquis un savoir-faire auprès des travailleurs des ONG. Une façon d’éviter les écueils du paternalisme bon ton…