Les plans D, E et O... tout cela pour faire ressusciter le projet européen

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président tchèque Vaclav Klaus, photo: CTK
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Un an après son investiture à la tête de la Commission européenne, José Manuel Barroso a mis le cap, en fin de semaine dernière, sur Prague. Très médiatisée en République tchèque et à l'étranger, cette visite devait marquer une nouvelle étape dans la vie de l'Europe unie : à Prague, José Barroso a donné le coup d'envoi du « plan D » de l'UE, censé entraîner un large public dans le débat sur l'avenir de l'Europe.

Le président de la Commission européenne,  José Manuel Barroso,  et le président tchèque Vaclav Klaus,  photo: CTK
D comme démocratie, dialogue et discussion. Lancé à Prague par José Baroso, la vice-présidente de la Commission et instigatrice du projet, Margot Wallström, et l'euro-comissaire tchèque Vladimir Spidla, le plan D n'est rien d'autre qu'une nouvelle stratégie d'information et de communication de l'Union avec ses citoyens. Autrement dit, la Commission européenne s'interroge sur la manière dont l'UE doit être réformée, afin de ne pas perdre le soutien de sa population. Le premier d'une série de débats publics qui seront organisés successivement dans chacun des pays membres de l'Union a eu donc lieu à Prague, sur le plateau de la Télévision tchèque, et aussi à Pardubice, en Bohême orientale. Lors de l'inauguration, vendredi, à Prague, d'un centre d'information de l'Union européenne, Eurocentrum, José Barroso a assuré que la Commission allait « s'efforcer de créer des conditions identiques, au sein de l'Union, pour tous les citoyens et toutes les entreprises ». Le même jour, il a présenté son plan D au chef de l'Etat tchèque, Vaclav Klaus. Une rencontre dont la convivialité en a surpris plus d'un. Car cette fois, le farouche critique de l'intégration européenne, Vaclav Klaus, a quelque peu adouci ses propos :

José Barroso avec le Premier ministre Jiri Paroubek  (à gauche) et avec le commissaire européen Vladimir Spidla  (à droite),  photo: CTK
« J'ai dit à M. le président que j'appréciais fortement cette utilisation symbolique de la lettre D. Elle évoque deux notions-clé pour l'Europe aujourd'hui. Tout d'abord la démocratie. Je ne cache pas que le déficit de démocratie en Europe m'inquiète beaucoup. Et puis, le débat. Je suis très content qu'on ouvre ainsi un débat sérieux en Europe. J'ai même suggéré à José Barroso d'ajouter la lettre E, puisqu'on ne cesse de parler, en Europe, d'élargissement, d'expansion... Donc, les plans D et E sont à mes yeux raisonnables et je les soutiens. »

De son côté, José Barroso a expliqué quelles étaient les divergences de vues entre lui et Vaclav Klaus, soucieux de la perte de souveraineté de différents Etats membres de l'Union. José Barroso :

« Je pense que nous ne voulons pas, l'un comme l'autre, d'une Union européenne bureaucratique, un super Etat qui imposerait quoi que ce soit aux pays membres. Néanmoins, je crois que dans certains domaines, nous avons besoin de plus de pouvoirs et d'initiatives communautaires. Cela concerne, par exemple, la justice et la sécurité, ce qui pourrait aider l'Europe à être plus efficace dans sa lutte contre le terrorisme. »

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à Prague,  photo: CTK
La politique commune européenne, très importante, selon José Barroso, dans le monde globalisé, le dossier turc, l'euro-scepticisme d'une partie de la population après les référendums négatifs en France et aux Pays-Bas... de tels sujets ont été au coeur d'un débat télévisé entre José Barroso et euro-commissaires sur le plateau et étudiants et journalistes tchèques dans l'auditoire. Mais, selon certains commentateurs, ce fut un débat toujours trop intellectuel, complexe et quasi inabordable pour le grand public... Monika MacDonagh Pajerova, présidente de l'association tchèque « Oui pour l'Europe », propose, dans une réflexion pour le journal Mlada fronta Dnes, de veiller à ce que l'avenir de l'Europe devienne un des principaux thèmes des élections législatives de 2006, un sujet sur lequel tous les partis politiques devraient clairement s'exprimer. Elle propose aussi d'ajouter, dans le contexte tchèque, aux trois D de José Barroso trois O : ouverture, optimisme et « odvaha », le courage.

Auteur: Magdalena Segertová
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