Les PME tchèques face à la pandémie : « Obligés de faire un plan ‘normal’ et un plan B »
Radio Prague International vous propose dans les prochaines semaines une série sur des entreprises tchèques - et des entreprises étrangères implantées en Tchéquie - et la manière dont elles sont confrontées à la pandémie de coronavirus. Rencontre aujourd’hui avec David Žabčík, le directeur exécutif de la société Climax, spécialisée dans la protection solaire et basée à Vsetín, pas loin de la frontière slovaque.
David Žabčík : « Nous fabriquons toute la gamme de la protection solaire, des stores intérieurs aux volets roulants extérieurs en passant par les pergolas et les stores en toile, etc. »
Climax, basée à Vsetín, est présente dans plusieurs pays d’Europe, dont des pays francophones. Lesquels ?
« D’abord principalement en France, en Suisse aussi et un peu en Belgique. »
Votre société a une trentaine d’années d’existence – comment est-elle parvenue à s’implanter à l’étranger ?
« Quand je suis arrivé il y a 17 ans, Climax était vraiment une petite société présente seulement sur le marché tchèque, mais on a beaucoup travaillé, nous avons démarché les clients et offert des produits différents et petit à petit nous avons commencé par l’Autriche et l’Allemagne voisines, avant de continuer plus loin. »
Vous avez remporté des marchés assez originaux, notamment la célèbre Villa Tugendhat ici en Tchéquie et par exemple le ministère de l’Intérieur à Paris…
« Oui, mais cela fait déjà bien longtemps. A Paris c’était pour environ un millier de stores intérieurs… »
Combien d’employés travaillent aujourd’hui pour Climax ?
« Nous sommes à peu près 500 aujourd’hui. »
Nous sommes dans une période extraordinaire à cause de la pandémie – les chiffres sont mauvais cette semaine en Tchéquie. De quelle manière votre société a-t-elle été impactée ?
« Bien sûr, Climax et notre secteur ont été impactés. Heureusement, en termes de chiffre d’affaires cela n’a pas été aussi grave que dans d’autres secteurs. La protection solaire marche. Mais par exemple le marché français a été plus impacté avec le confinement de trois mois. Cela dit, nous réalisons cette année un chiffre d’affaires record malgré la pandémie et les retards de fournisseurs et les difficultés liées au confinement. On a dû faire des équipes, pratiquer le télétravail… Heureusement aujourd’hui nous avons quatre ateliers de fabrication dans quatre bâtiments différents, ce qui permet de les isoler si jamais il se passe quelque chose. »
A quelles aides proposées par le gouvernement tchèque avez-vous eu recours ?
« A aucune, pas de chômage partiel (kurzarbeit) non plus. Notre situation était bien différente du secteur automobile ou du tourisme notamment : nous avons cherché du personnel, à cause la pénurie de main d’œuvre. »
« Nous avons automatisé une partie de notre production mais nous avons bien sûr besoin de ressources humaines. »
La pénurie de main d’œuvre est-elle toujours d’actualité dans votre région ?
« Maintenant, on peut trouver du personnel. Il y a deux ans la situation était complètement différente, il n’y avait pas de main d’œuvre à recruter. Cette année c’est différent : à Vsetín et dans les environs, il y a beaucoup de fournisseurs du secteur automobile et malheureusement pour eux ils ont été durement affectés. Climax est restée une des sociétés qui continuent de marcher dans la région. »
Peut-on faire des prévisions pour les mois à venir quand on est une société comme la vôtre en cette année 2020 tellement exceptionnelle ?
« C’est vraiment difficile. Aujourd’hui il est difficile de faire des plans. Pour la première fois nous allons préparer deux plans pour l’année prochaine : un plan ‘normal’ et un plan B… »
Dernière question : parmi vos collègues entrepreneurs, quels retours avez-vous sur les mesures déjà prises par le gouvernement tchèque pour aider les entreprises ?
« Difficile à dire pour moi, comme nous n’avons pas encore demandé d’aides publiques, mais de ce que je peux entendre je pense que notre gouvernement fait son possible. Mais si je compare avec ce que j’entends de nos partenaires étrangers, je pense que les gouvernements français ou allemand ont fait mieux. »