Les craintes des petits entrepreneurs face à la crise sanitaire

Marcela Adamcová, photo: Eva Turečková

De nombreux travailleurs indépendants se retrouvent sur le carreau suite à la fermeture des commerces. Sans revenus, leur horizon s'est obscurci avec des pertes encore difficilement calculables, puisque nul ne sait combien de temps les mesures de restriction vont durer. C'est le cas de Marcela Adamcová qui, à Vysoká (Bohême centrale), gère une pâtisserie. Même l'approche des fêtes de Pâques ne sont pas une assurance de revenus.

Marcela Adamcová,  photo: Eva Turečková

« A cause de la situation actuelle, on ne sait pas du tout comment vont se dérouler les fêtes de Pâques. Je ne prépare rien. Les magasins sont fermés jusqu'au 1er avril. Même s'ils rouvraient, je doute qu'on puisse de toutes façons préparer quoique ce soit pour Pâques, que ce soit le gâteau en forme d'agneau ou les autres pâtisseries traditionnelles. Je n'ai donc aucun revenu aujourd'hui et heureusement que je n'ai qu'un seul employé. Si l'Etat contribue à hauteur de 80% à mes revenus, alors mes pertes ne seront pas si catastrophiques. »

En dépit de ses craintes pour son fonds de commerce, Marcela Adamcová comprend les mesures drastiques décidées par le gouvernement pour endiguer l'épidémie de coronavirus :

Photo illustrative: Pexels/Pixabay,  CC0
« Bien sûr, ces mesures sont nécessaires. C'est pour ça que je n'ouvre même pas ma fenêtre comme d'autres commerces. Les gens ont interdiction de se rassembler. Je ne vais pas inciter les gens à venir consommer du gâteau et un café. »

Les appels des autorités tchèques aux propriétaires de ne pas faire payer leur loyer aux entrepreneurs, ont été entendus dans le cas de Marcela Adamcová :

« J'ai été surprise, mais mon propriétaire n'exige pas que je paye mon loyer, juste les acomptes pour l'eau, les ordures et la connexion internet. Actuellement, je n'ai pas besoin de payer mon loyer. Mais je vais quand même être dans le rouge. J'avais prévu beaucoup de choses pour le week-end, et j'ai dû tout liquider. Et puis j'ai les choses que j'ai achetées et qui vont être assez rapidement périmées. Rien qu'avec les matières premières, je suis déjà à moins 20 000 couronnes (730 euros). »

Tout comme cette pâtissière, de nombreux petits entrepreneurs se retrouvent sans revenus. Certains ont même interrompu leur activité pour ne pas avoir à payer les acomptes pour la sécurité sociale et l'assurance santé. Le gouvernement a toutefois approuvé récemment de nombreuses mesures, dont une dispense exceptionnel pour ces fameux acomptes.

Tobias Heine/Pixabay,  CC0
Par exemple, à Bohumín (Moravie-Silésie), une cinquantaine de petits entrepreneurs voulaient stopper leur activité, mais certains veulent aujourd'hui faire marche arrière suite à la décision gouvernementale. Un casse-tête dont l'administration locale va devoir s'occuper, puisque comme l'explique la porte-parole de la mairie, l'interruption de leur activité a déjà été actée :

« Environ 80% d'entre eux veulent faire machine arrière et renouveler leur activité, mais ce n'est pas si simple et nous ne savons pas encore comment nous allons procéder. Mais nous étudions la question. »

Conséquence de l'inactivité dans des secteurs-clés, de nombreuses personnes employées dans le domaine de l'hôtellerie, les services et le tourisme pointent actuellement devant les Bureaux du travail, l'équivalent de Pôle emploi en Tchéquie.

En attendant, le gouvernement a approuvé jeudi dernier des indemnités mensuelles à hauteur de 15 000 couronnes (547 euros) par mois à l'intention des entrepreneurs qui se retrouvent du jour au lendemain les bras ballants, sans avoir la moindre idée de quand ils pourront reprendre leur activité.