Les Pragois ont manifesté pour sauver une maison symbole

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Plusieurs centaines de personnes ont protesté, ce mardi, au centre de Prague contre la démolition d’une maison de la place Venceslas. Selon la récente décision du ministère de la Culture, l’édifice qui se trouve au cœur du site historique classé et protégé par l’Unesco, doit céder la place à un nouveau centre administratif.

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Toute la partie centrale de la place Venceslas a été remplie par les manifestants venus avec des pancartes et appelant à la démission le ministre de la Culture, Jiří Besser, et le chef de la section des monuments historique de la municipalité de Prague, Jan Kněžínek. Ces fonctionnaires sont considérés comme les principaux responsables d’une décision qui risque de devenir fatale pour l’élégante maison dans le style Art déco au coin de la place Venceslas et de la rue Opletalova. La manifestation était organisée par le Club pour la Vieille Prague, association qui cherche à protéger le patrimoine architectural de la capitale tchèque. Le club a aussi lancé une pétition contre la démolition de la maison signée, déjà par plus de 11 000 personnes. Pour les membres de l’association et pour certains spécialistes de la protection des monuments historiques, la maison est devenue un symbole. Ils sont convaincus que sa destruction pourrait servir de précédent pour d’autres décisions de ce genre. C’est ce qu’a exprimé lors de la manifestation la présidente du Club pour la Vieille Prague, Kateřina Bečková :

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« Si l’on démolit cette maison de la place Venceslas, on pourra démolir ici et dans le site historique classé de Prague des dizaines d’autres maisons. Et des centaines de maisons pourront être détruites dans les sites historiques dans toute la République. »

Parmi les personnalités qui ont pris la parole devant les manifestants, il y avait entre autres le doyen de la faculté des lettres de l’Université Charles Michal Stehlík, l’historien d’art renommé Jan Royt et aussi le président de la filiale tchèque du Conseil international des Monuments et des Sites Josef Štulc qui a dit entre autres :

« Je crains que Prague risque par son approche de cette affaire la même chose que la ville de Dresde il y a quelque temps. Rassurée par la grande politesse avec laquelle l’UNESCO traitait ses Etats membres, la ville de Dresde s’est dite avec forfanterie que personne n’avait le droit de s’immiscer dans ses affaires. Et c’est ainsi que la ville a perdu la marque de la qualité culturelle suprême et a été retirée de la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO. »

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Deux arguments majeurs ont été utilisés par le ministre de la Culture pour justifier son aval donné à la démolition. Il affirme que l’investisseur est déjà allé loin dans la préparation du projet et qu’il pourrait demander maintenant un important dédommagement, et il met également en cause la valeur architecturale de l’édifice. Cependant parmi les spécialistes interrogés dernièrement par la presse à ce sujet, seul l’historien de l’architecture Zdeněk Lukeš a exprimé une opinion semblable. A son avis, l’architecture de la maison n’a pas de valeur particulière. Cette opinion n’est pas partagée, entre autres, par Ladislav Lábus, architecte renommé, qui, lui aussi, a pris la parole à la manifestation :

Ladislav Lábus
« Je ne pense pas que cette maison soit la plus précieuse de toute la place Venceslas, mais elle se classe certainement dans la meilleure moitié des maisons de cette place. Certes, la maison a été remaniée mais je pense qu’elle se distingue par son style plein de finesse et d’invention. C’est une des meilleures maisons de cette place, elle n’est pas la meilleure, mais elle est en tout cas supérieure à la moyenne. C’est pourquoi je serais désolé qu’elle soit démolie et je ne comprends pas pourquoi elle devrait être démolie. »

Pour les membres du Club pour la vieille Prague, la manifestation n’est qu’un premier pas dans la série d’activités prévues dans le but de sauver la maison menacée. Ils vont maintenant négocier avec les fonctionnaires du premier arrondissement de Prague, organe qui peut délivrer le permis de démolition, et ils vont demander aussi à l’UNESCO de s’exprimer sur cette affaire.