Les premières familles de réfugiés chrétiens d'Irak s’installent en République tchèque
A lire la plupart des titres des informations dimanche, on aurait pu croire qu’une soucoupe volante avait atterri en République tchèque. Mais non, ce n’était que le tout premier groupe de réfugiés irakiens qui avait « atterri » dans le pays. Une dizaine de personnes, sur plus d’une centaine de réfugiés, que la République tchèque a accepté d’accueillir sur son territoire, non sans renâcler, et à condition qu’elles soient de religion chrétienne.
C’est avec moult justifications que le directeur de la fondation Generace 21, Jan Talafant, a introduit devant la presse la petite dizaine de réfugiés irakiens que la fondation, avec le soutien du gouvernement, a décidé de prendre en charge. Des précautions qui peuvent sembler dérisoires tant il est évident que la situation en Irak, déstabilisé par les violences du groupe Etat islamique, ne donne guère le choix aux habitants qui souhaiteraient vivre en paix, mais qui semble motivées par une volonté de pédagogie appuyée, alors qu’un dernier sondage indique que 60% des Tchèques ne souhaitent accueillir aucun réfugiés sur leur territoire. Côté pouvoirs publics, le gouvernement tchèque a répété à qui veut l’entendre qu’il s’opposait aux quotas migratoires voulus par la Commission européenne, préférant un accueil sur la base du volontariat pour chaque pays, et que l’arrivée de ce groupe de chrétiens irakiens vient enfin concrétiser.
Une chose est sûre en tout cas : nul doute que la situation de Mattuan Matti, 28 ans, autrefois employé d’une société de communication à Mossoul et arrivé à Prague, avec sa femme et ses deux enfants, soit celle de centaines de milliers d’autres Irakiens, ou Syriens, toutes religions confondues :
« La situation pour les chrétiens est très mauvaise en Irak. Ils sont pourchassés et tués. Ici, nous souhaitons nous mettre au service de la nation tchèque… »La plupart des réfugiés laissent derrière eux encore des proches, toujours en danger. Mais pour l’heure, la dizaine d’Irakiens arrivés en République tchèque dimanche, peut enfin souffler. Pour eux, l’horizon des mois à venir se situe à Jihlava, petite ville de la région de la Vysočina, où ils seront hébergés temporairement et pris en charge dans un centre de loisirs pendant deux ou trois mois, et où ils suivront des cours de tchèque afin de faciliter leur intégration. Ensuite, ils seront relogés dans des appartements mis à leur disposition par la ville, mais continueront de bénéficier d’un suivi de services sociaux, afin de pouvoir à terme trouver un travail et reprendre une vie plus normale.
Le petit groupe arrivé à Prague dimanche va bientôt être rejoint par d’autres coreligionnaires dans les mois à venir, comme le précise Jan Talafant, de la fondation Generace 21 :
« Dans deux ou trois semaines devrait arriver le reste du groupe qui n’a pas pu venir ce dimanche. Puis, à partir de mi-février et jusqu’au début du mois de mars devraient arriver deux groupes plus importants. Le premier groupe va être hébergé à Jihlava, les autres seront installés à Prague, ou encore à Liberec. On est aussi en discussion avec les villes de Brno et Olomouc. Dans les grandes villes comme celles-ci existent des services sociaux de qualité et bon un enseignement, chose dont ils ont besoin au moins les six premiers mois. Enfin, le ministère de l’Intérieur a promis de leur accorder l’asile politique dans les semaines à venir. »En tout, ce sera donc 153 réfugiés chrétiens d’Irak que la République tchèque devrait accueillir dans les mois à venir, avec un défi majeur pour eux : peut-être changer la perception d’une bonne partie de la population tchèque dont un des réfugiés irakiens, traducteur de son état, dit qu’il a lu qu’ils étaient « cultivés et modestes, mais un peu renfermés sur eux-mêmes et pas très ouverts aux autres cultures. »