Les prévisions et la réalité post-électorale au début de l’année 2022
Fini le temps des bilans de l’année écoulée, cette nouvelle revue de la presse se penche sur la réalité post-électorale et sur les défis à relever par le nouveau cabinet issu des dernières élections législatives, dont celui lié au Green Deal. La Tchéquie face à la nouvelle perspective pour l’énergie nucléaire est un autre sujet traité. Le magazine s’intéressera également aux chances de médailles aux Jeux olympiques d’hiver à Pékin pour les athlètes tchèques et expliquera pourquoi elles s’annoncent assez faibles.
Contrairement à une conviction répandue en Tchéquie, l’année 2022 peut être couronnée de succès. C’est du moins ce qu’estime un commentateur du site aktualne.cz :
« L’heure est actuellement à des prévisions et des scénarios assez sombres. C’est dans cet esprit qu’a été prononcé le discours de Nouvel An du Premier ministre Petr Fiala selon lequel cette année allait être une des plus compliquées et des plus difficiles depuis la naissance de la République tchèque en 1993. Mais même si les dirigeants politiques ont devant eux d’énormes problèmes, ceux-ci ne sont pas insurmontables. L’année qui commence peut aussi être celle de la fin de la pandémie, de la baisse de l’inflation et d’une bonne croissance économique. »
Le commentateur du site aktualne.cz rapporte que ces accents apocalyptiques marquent également le débat public. Selon lui pourtant, on ne se trouve pas dans une situation comparable à celle d’après la chute du régime comuniste. « L’année 2022 pourrait s’inscrire dans l’histoire comme celle de la relance post-Covid », écrit-il avant d’ajouter :
« Il faudra pour cela que les politiciens soient courageux et à la hauteur de la tâche qui leur incombe. Les citoyens quant à eux sont appelés à ne pas céder à ces prévisions pessimistes. »
Le nouveau cabinet confronté à ses promesses préélectorales
Le gouvernement de Petr Fiala prend trop rapidement ses distances par rapport à ses promesses préélectorales. Un avis exprimé dans un texte publié dans le quotidien économique Hospodářské noviny. Son auteur explique :
« Les premiers pas du nouveau cabinet ne sont pas très heureux. Il y a au moins deux domaines, l’enseignement et les subventions agricoles, qui prouvent que la coalition gouvernementale de centre-droit composée de deux formations, Spolu et PirSTAN, ne prend pas ses promesses très au sérieux. Tout en ayant présenté l’enseignement comme sa priorité, elle a décidé de réduire la hausse des salaires des enseignants prévue par le précédent cabinet d’Andrej Babiš. D’un autre côté, tout indique que le cabinet ne voudra pas réduire les subventions aux grands groupes agro-alimentaires contrairement à ce qu’elle prévoyait initialement. Certes, le déficit hérité du précédent cabinet est énorme et nécessite des démarches audacieuses. Mais il serait honnête de dire ouvertement qu’elles seront douloureuses, au lieu de promettre l’impossible. »
Formuler des critiques à l’égard du cabinet de Petr Fiala, au bout de quelques jours à peine de son entrée en fonctions, peut paraître exagéré, car tout gouvernement mérite cent jours pour faire ses preuves. De l’avis du commentateur de Hospodářské noviny, cette règle non-écrite n’est pourtant valable qu’en temps normal et à condition que le gouvernement se comporte de façon habituelle :
« La période actuelle est exceptionnelle, car la Tchéquie affronte une crise grave qui a de multiples facettes. Le gouvernement quant à lui invite lui-même à la critique, car il relativise ce que ses programmes préélectoraux avaient stipulé. »
Accepter le Green Deal : un des grands défis pour la Tchéquie
« Le Green Deal est une réalité. Seuls les Tchèques refusent de l’accepter ». C’est ce que relève un texte publié sur le site Seznam Zprávy :
« Les Etats européens ont donné le coup d’envoi à la révolution verte, tandis que la Tchéquie, prise au dépourvu, n’y est pas préparée. Ce n’est que maintenant que la classe politique et les hommes d’affaires commencent à réaliser ce qui est en train de se passer. »
« Dans le débat tendu mené depuis des mois entre les grands acteurs européens au sujet du gaz et du nucléaire, la voix tchèque se fait très peu, pour ne pas dire pas du tout, entendre », remarque le commentateur. Or, la Tchéquie n’a pas déployé assez d’efforts pour créer des alliances avec des partenaires plus forts avec lesquels elle partage des intérêts partiels. Et de conclure :
« Renoncer au Green Deal signifierait inévitablement renoncer au marché européen auquel l’économie tchèque est liée. Une approche qui nous coûterait beaucoup plus cher que de participer à la révolution verte qui monte en puissance. »
Une nouvelle chance pour l’atome
Toujours en rapport avec la politique écologique, le journal Deník a salué le fait que « les slogans et les projets enthousiastes mis à part, l’Europe se soit mise enfin à calculer ». Un texte consacré à ce sujet constate que l’accrochage entre la France et l’Allemagne qui optent l’une pour l’atome et l’autre pour le gaz, a débouché sur une victoire non seulement de la Tchéquie, mais surtout de l’ensemble de l’Europe :
« En vertu d’une nouvelle taxonomie de Bruxelles, l’atome et le gaz constitueront désormais des sources énergétiques soutenues. Cela donne à l’énergie nucléaire une chance de prouver qu’elle est à même de contribuer à un avenir de notre continent sans émissions et énergétiquement riche. Force est pourtant d’ajouter qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’une chance. Comme on le sait, les centrales nucléaires ont à leur compte également plusieurs mauvais accidents. »
Le texte publié dans le journal Deník indique que l’énergie nucléaire a devant elle un quart de siècle pour prouver qu’elle apporte quelque chose de nouveau, de meilleur et de moins cher que ce que l’on a connu jusqu’ici. « De l’avis de certains spécialiste tchèques, ce n’est pas assez. Mais de toute façon, la possibilité de conserver le nucléaire et de le développer représente une bonne nouvelle », écrit-il en conclusion.
Les JO d’hiver à Pékin et les chances des athlètes tchèques
« Les chances de médailles aux Jeux olympiques d’hiver à Pékin sont faibles. Pourquoi cette misère ? », s’interroge un chroniqueur du magazine Reflex. Voici sa réponse :
« Les succès du sport tchèque s’appuient depuis un certain temps déjà sur les performances d’individus exceptionnels. Par ailleurs, sur 31 médailles olympiques gagnées depuis le début de l’existence de la République tchèque, 12 incombent à deux femmes athlètes brillantes, la fondeuse Kateřina Neumannová et la patineuse de vitesse Martina Sáblíková. S’agissant des disciplines collectives, les succès tchèques se font assez rares. Les résultats déplorables aux grandes compétitions mondiales en hockey sur glace et en football, deux sports qui sont les plus populaires dans le pays, en disent long. »
A Pékin, le plus grand espoir est lié à la snowboardeuse Ester Ledecká, détentrice de deux médailles d’or aux précédents JO en Corée du Sud, dont l’une en slalom parallèle de snowboard et l’autre en super-G. Le journaliste fait en outre part de la probable absence à Pékin et des espoirs déçus en snowboard-cross d’Eva Samková, deux fois médaillée olympique, qui s’est récemment cassé les deux chevilles. S’agissant du biathlon qui a apporté sept médailles à la Tchéquie aux deux précédents Jeux, les perspectives ne sont pas très optimistes, selon lui. « Et si, finalement, les hockeyeurs voulaient surprendre ? », soulève-t-il avec optimisme avant de constater :
« Evidemment, les prévisions des résultats sportifs sont toujours trompeuses. Une chose est pourtant certaine. C’est qu’à l’heure actuelle, la Tchéquie ne représente pas une puissance sportive. »