Presse : le label « vert » aux centrales nucléaires – une bonne nouvelle pour la Tchéquie

Cette nouvelle revue de la presse s’intéresse d’abord à ce que le classement des centrales nucléaires parmi les « sources vertes », décidé par Bruxelles, signifie pour la Tchéquie. Un regard ensuite sur l’impact de la crise ukrainienne sur la situation politique en Slovaquie, pays voisin de la Tchéquie. Il y sera également question d’un nouveau film Netflix qui évoque les Accords de Munich de 1938 et qui est vu en Tchéquie d’un œil assez critique. Quelques remarques, enfin, au sujet des Jeux olympiques d’hiver à Pékin.   

« La Commission européenne a fait une démarche qui répond à la réalité. » C’est en ces termes que l’auteur d’une note publiée dans le quotidien Deník a commenté la décision de Bruxelles de classer les centrales nucléaires parmi les « sources vertes ». Et ce en dépit du fait que l’Allemagne arrête ses derniers réacteurs. A ce propos, il écrit :

« La décision de Bruxelles, tant qu’elle ne sera pas bloquée par la majorité des pays membres ou celle des députés du Parlement européen, représente pour la Tchéquie et pour l’Union européenne elle-même une très bonne nouvelle. Elle donne aux efforts visant une Europe climatiquement neutre d’ici l’an 2050 une perspective réelle. La révolution climatique devient alors une évolution répondant aux limites des possibilités techniques d’aujourd’hui. »

Cette décision, toujours selon le commentateur de Deník, va décevoir beaucoup de jeunes, les centrales nucléaires ne constituant pas des sources d’énergies renouvelables, tout en étant saluée par ceux qui craignent la pauvreté énergétique. Une expérience que des milliers de Tchèques peuvent faire à l’heure actuelle, en rapport avec la récente cessation de plusieurs fournisseurs d’énergies. Le texte indique enfin :

« Avec le feu vert donné au nucléaire, l’Etat tchèque aura un grand défi à relever. Désormais, il est appelé à construire, au lieu de mener des débats là-dessus. Il faut s’y mettre immédiatement. La chance pour une Tchéquie nucléaire verte est ouverte ».

La Slovaquie, pays voisin de la Tchéquie, face à la crise ukrainienne

L’Europe centrale doit se préparer aux retombées d’un éventuel conflit militaire en Ukraine, constate un commentateur du quotidien Hospodářské noviny. Il se penche notamment sur la façon dont la situation dramatique dans la région touche le pays voisin de la République tchèque, la Slovaquie :

Ukraine | Photo: Vadim Ghirda,  ČTK/AP

« Un éventuel déploiement d’effectifs militaires de l’OTAN en Pologne, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie, est devenu dans ce dernier pays un sujet politique épineux. L’idée même de la venue de soldats étrangers, à laquelle le Parlement slovaque devrait donner son aval, a donné lieu à des rassemblements de protestation et activé l’opposition qui y est hostile. La Slovaquie est donc le premier pays de l’Alliance où, en rapport avec la crise ukrainienne, la stabilité du gouvernement est menacée. Selon les sondages, en effet, ce sont les partis d’opposition dirigés par les ex-Premiers ministres, respectivement Robert Fico et Peter Pellegrini qui, en commun avec les ultranationalistes radicaux, pourraient remporter la majorité gouvernementale aux élections anticipées. »

Le commentateur de Hospodářské noviny rapporte qu’en Slovaquie, l’influence de la propagande et de la désinformation russe se fait beaucoup plus marquante qu’en Tchéquie. « Le premier objectif russe vise à perturber l’unité politique de l’OTAN. Vu le contexte historique et son actuelle situation politique fragile, la Slovaquie s’y prête alors assez bien », explique-t-il avant d’ajouter :

« La crise ukrainienne pourra constituer un test de l’appartenance slovaque à l’Occident démocratique, vers lequel le pays, riche de son expérience avec le national-populisme de Vladimir Mečiar dans les années 1990, entend se référer ».

L’édition de ce jeudi du quotidien Lidové noviny retient pour sa part les résultats du dernier sondage effectué à ce propos par l’agence Focus, selon lequel 44 % des Slovaques sont persuadés que ce sont les Américains ou encore l’OTAN qui sont responsables de la crise entre la Russie et l’Ukraine. Seuls 35 % ont une position contraire ».

Les Accords de Munich revivent dans un film Netflix qui sème la controverse

Rares sont les chapitres historiques qui soient pour les Tchèques aussi symboliques, douloureux et toujours vifs que la signature des Accords de Munich en 1938, à savoir l’événement qui a permis à Hitler d’annexer les Sudètes, les régions tchécoslovaques limitrophes habitées majoritairement par des Allemands. L’attention qui est accordée par les médias locaux au nouveau film Netflix intitulé « Munich – à l’aube d’une nouvelle guerre » le confirme largement. Le journaliste de l’hebdomadaire Respekt, par exemple, selon lequel « l’histoire moderne tchèque est divisée entre les périodes d’avant et d’après Munich », a écrit à ce propos :

'Munich – à l’aube d’une nouvelle guerre' | Photo: Netflix

« Il y a toute une série de mythes liés à ce moment traumatique. Un constat semble pourtant immuable, c’est que Neville Chamberlain, le signataire des Accords pour la partie britannique, est le symbole d’un leader politique qui, confronté au Mal, a échoué. Le nouveau film Netflix cherche à modifier cette image. Il présente l’ancien Premier ministre britannique comme quelqu’un qui, tout en réalisant qu’Hitler était un tyran auquel il ne fallait pas faire confiance, a agi de la sorte pour permettre à son pays de se préparer à la guerre. »

Le journaliste de Respekt indique qu’une telle interprétation n’est pas nouvelle, et qu’un regard varié sur chaque figure historique est le bienvenu. Mais il ne devrait pas, selon lui, contester la réalité. « Certes, la situation à laquelle Chamberlain devait faire face était compliquée. Le problème, c’est qu’il ne s’y connaissait pas en politique étrangère et qu’il refusait les opinions différentes », écrit-il avant de souligner en conclusion :

« Vu les événements dont nous sommes aujourd’hui les témoins dans l’est de l’Europe, la tentative des créateurs du film de justifier la position de Chamberlain arrive à un moment particulièrement inopportun. Tirer une leçon de l’histoire est souvent difficile, car les circonstances sont toujours spécifiques. Toutefois, dès qu’un pays prétend qu’un Etat voisin constitue une construction artificielle dont les frontières ne méritent pas d’être respectées, il y a lieu de préférer le regard sévère de Winston à celui, naïf, de Neville. »

Les JO à Pékin à l’ombre de la politique chinoise à l’égard des Ouïhgours

« Le sport dans les décors d’un génocide » :tel est le titre d’un texte publié dans le quotidien Mladá fronta Dnes, dans lequel son auteur se penche sur le contexte inédit de la tenue des jeux olympiques d’hiver à Pékin :

Des Ouïghours dans la province de Xinjiang,  Chine | Photo: ChiralJon,  Wikimedia Commons,  CC BY 2.0

« L’organisation de ce méga-événement sportif en Chine, un pays critiqué pour la violation des droits de l’homme, sème une forte controverse. L’histoire des Jeux olympiques a connu beaucoup de moments dramatiques : interdictions de participation, boycott massif, exclusion d’athlètes à cause de leurs positions politiques, racisme, attentat à la bombe, l’assassinat de 11 membres de l’équipe olympique israélienne en 1972 demeurant le moment olympique le plus tragique. Mais ces événements du passé mis à part, les Jeux d’hiver en Chine se distinguent par un trait unique, car jamais encore ils n’ont eu lieu dans un pays soupçonné de génocide. »

Le chroniqueur de Mladá Fronta Dnes indique que ce constat concerne la politique chinoise à l’égard de la minorité ouïghour dans la province de Xinjiang, reconnue par plusieurs pays occidentaux comme un acte de génocide. L’occasion pour lui de remarquer :

« Il est assez déplorable qu’il a fallu ce soupçon de génocide pour mobiliser les démocraties occidentales à prendre une position déterminée. Comme si la ‘simple’ violation des droits de l’homme et les crimes évidentes contre l’humanité ne constituaient pas un obstacle à la coopération commerciale, aux échanges culturels ou à la tenue des Jeux olympiques. Il est étonnant que le Comité international olympique n’ait pas privé la Chine de leur organisation, et ce même si la question du génocide n’existait pas».