Les représentants d'une trentaine de PC du monde entier se sont réunis à Prague
La Conférence internationale pour célébrer le 60è anniversaire de la Victoire sur le fascisme et le nazisme a eu lieu ce week-end dans la capitale tchèque. Conjointement organisée par le Parti communiste de Bohême et de Moravie (KSCM) et le Groupe confédéral de la Gauche Unitaire Européenne-Gauche verte nordique (GUE-NGL) du Parlement européen, cette conférence a réuni des représentants des partis communistes d'une trentaine de pays. L'occasion de voir comment était perçu le KSCM - un parti souvent décrit comme « le seul PC non réformé en Europe » - chez les communistes étrangers.
« Le PC français est présent à cette réunion organisée par les communistes de Bohême et de Moravie parce que le thème de la sécurité et de la défense en Europe nous intéresse et parce que la République tchèque, avec son passé aussi riche, est désormais membre l'UE. Je vois ici d'abord un PC qui recueille la confiance de près d'un quart des électeurs tchèques, ce qui veut toujours dire quelquechose. Je ne sais pas ce que veut dire le terme 'non réformé' pour un parti, en histoire je connais seulement la religion dite 'réformée'. Il y a eu plusieurs interventions des dirigeants du KSCM, et je les ai trouvées très interessantes, très argumentées. J'ai l'impression qu'il y a un véritable travail de réflexion pour adapter leur parti aux réalités de la République tchèque dans l'UE et au fait qu'ils sont le deuxième parti - si j'ai bien compris - du pays. Cela leur confère des responsabilités supplémentaires et j'ai l'impression qu'ils ont tout à fait conscience de ces responsabilités nouvelles et qu'ils travaillent autour de cela. »
Herwig Lerouge, du Parti du Travail Belge, considère lui-aussi que l'étiquette de parti non réformé ne correspond pas au KSCM :
« Je connaissais déjà le PC tchèque avant, je suis venu ici l'année dernière. Quand certains disent qu'il n'est pas réformé, cela veut dire que c'est un parti qui pense toujours que le socialisme peut résoudre un tas de questions que le capitalisme ne peut pas résoudre. La pensée unique veut aujourd'hui que tout le monde accepte que le capitalisme a triomphé une fois pour toutes, et si on n'accepte pas ça, alors on n'est pas réformé, on est dogmatique, stalinien, tout ce qu'on veut... Non, moi je suis tout à fait d'accord avec le PC tchèque. Je pense effectivement que pour beaucoup de gens ça ne va pas mieux aujourd'hui qu'il y a 15 ans et le PC a tout à fait raison de dire que le socialisme résoudra beaucoup mieux les problèmes de la majorité de la population que le système libéral aujourd'hui. Je ne pense pas que le PC tchèque soit nostalgique de l'URSS. Dans les débats ici, il y a beaucoup de discussions sur les leçons à tirer de l'échec de l'URSS. Il ne s'agit pas de nostalgie, mais de voir comment aller de l'avant et comment résoudre les problèmes de chômage de pauvreté, de terrorisme, de trafic de drogue etc...»
Quant au représentant du Parti communiste libanais, Moufid Cotaiche, il ne tarit pas d'éloges sur le PC tchèque :
« Le PC tchèque est très bien. Je n'accepte pas les critiques qui font de ce parti un parti 'non réformé'. Ce parti change sa vision avec les changements de la vie en Europe et dans le monde. Je suis très étonné quand j'entends des choses comme ça. »