Les savants tchèques éprouvent un vaccin contre le cancer du poumon

Photo: Andreas Heinemann, CC BY 3.0 Unported

Un nouveau traitement du cancer du poumon est actuellement testé dans une vingtaine d’hôpitaux en République tchèque. Développé par la compagnie biotechnologique Sotio, propriété du richissime homme d’affaires Petr Kellner, le produit est le fruit d’une recherche de base longue d’une dizaine d’années menée par l’Institut d’immunologie de la Deuxième Faculté de médecine de l’Université Charles et de l’hôpital universitaire de Motol à Prague. Responsable de l’Institut d’immunologie, Jiřina Bartůňková a présenté ce traitement à Radio Prague :

Jiřina Bartůňková,  photo: ČT
« Notre produit contient des cellules dendritiques autologues, c’est-à-dire des cellules qui proviennent du patient même. Les cellules dendritiques sont des cellules présentatrices d’antigène qui sont capables d’induire une réponse immunitaire. Nous les cultivons à partir des globules blancs du patient avec les antigènes tumoraux dans le laboratoire certifié de Sotio, qui doit suivre des règles de stérilité très sévères. Le but de cette co-culture est ‘d’apprendre’ aux cellules dendritiques à reconnaître les cellules tumorales. Et après leur réadministration au patient, elles doivent induire une réponse anti-tumorale chez le sujet traité. »

Il a été annoncé, le 6 janvier dernier, que votre traitement pour le cancer du poumon était entré dans la première phase de son étude clinique. A quoi sert une étude clinique ? Et quelles sont les différentes phases de ce processus ?

« Le but des essais cliniques est de prouver la sécurité lors de la première phase, puis, lors des phases suivantes, à savoir les deuxième et troisième, l’efficacité du produit testé. Dans le cas des médicaments classiques, disons des substances chimiques, la première phase se déroule chez des sujets sains pour tester la toxicité, tandis que dans le cas des thérapies cellulaires autologues, le produit est testé dès le début chez les malades. »

Y a-t-il des conditions spécifiques pour prendre part à cette étude clinique, et combien de patients seront-ils traités ?

Photo: Andreas Heinemann,  CC BY 3.0 Unported
« Pour chaque étude, les critères d’inclusion sont spécifiés généralement par le protocole de recherche qui est approuvé préalablement par les autorités réglementaires. Ces critères doivent être rigoureusement suivis. Les médecins investigateurs qui testent les produits dans les hôpitaux sont responsables de la sélection des patients d’après ces critères définis. Et pour cette étude, nous envisageons de recruter 105 patients qui seront divisés en trois groupes selon les différents régimes du traitement. »

Il s’agit donc d’un vaccin personnalisé. Suite à la prise de sang, combien de temps faut-il pour lancer ce vaccin ?

« Après la prise de sang, la culture des globules blanc et leur transformation en cellules dendritiques dans le laboratoire s’étalent sur une semaine approximativement. Ensuite, il est nécessaire de tester la qualité, la fonctionnalité et la stérilité du produit final, ce qui prend quelques trois autres semaines. Donc, la première dose du produit est disponible à peu près au bout de quatre semaines. »

Le cancer du poumon n´est pas le premier à être traité par SOTIO. Que dire des recherches effectuées sur les cancers des ovaires et de la prostate ?

« Sotio dirige actuellement cinq essais cliniques avec des produits analogues contenant des cellules dendritiques chez des patients atteints du cancer de la prostate et trois études chez des patientes souffrant d’un cancer des ovaires. Ces derniers sont en deuxième phase, et nous avons commencé très récemment la troisième phase pour les patients atteints du cancer de la prostate, chez qui nous testons le produit en combinaison avec la chimiothérapie. La troisième phase de cette étude se déroule dans plusieurs pays européens, y compris en France et aux Etats-Unis. »

Photo: zeathiel / freeimages
Dans combien de temps sera-t-il donc envisageable de bénéficier de vos différents vaccins contre le cancer ?

« Le processus de développement d’un médicament est très long et suit des règles très sévères. Ce n’est qu’après la troisième phase qu’un produit peut être approuvé par les agences médicales, et seulement si cette troisième phase est positive. Il faut donc attendre que le produit testé confirme sa propriété thérapeutique. Mais pour ce qui est de nos vaccins anti-tumoraux contre le cancer de la prostate, nous pouvons parler d’un horizon de cinq ans. »