Recherche contre le cancer : les espoirs tchèques en 2023
La radiothérapie, l’une des méthodes très prometteuses du traitement du cancer, pourrait devenir plus abordable grâce à une nouvelle méthode développée par les chercheurs tchèques. À compter de 2023, elle devrait être appliquée par la société américaine Shine Technologies.
Le médicament anticancéreux dont il s’agit, le lutécium 177, très prometteur notamment dans le traitement du cancer de la prostate et du pancréas, n’est pas nouveau. L’Agence américaine des médicaments (FDA) a déjà approuvé deux traitements du cancer à un stade avancé qui reposent sur la thérapie au lutécium et plusieurs dizaines d’autres essais cliniques sont en cours. Élément radioactif, le lutécium 177 est transporté vers les cellules cancéreuses où il se décompose en particules radioactives.
« Ces particules déchirent tout ce qui les entoure comme les éclats d’une grenade. Et lorsqu’elles brisent l’ADN de la cellule cancéreuse, celle-ci ne peut pas le réparer et meurt », explique Miloslav Polášek, de l’Institut de chimie organique et de biochimie de l’Académie des sciences tchèque.
Son équipe est à l’origine d’une méthode révolutionnaire qui permet de produire rapidement et à grande échelle cet élément radioactif pur. Car le lutécium est produit en irradiant un autre élément radioactif, l’ytterbium, dans un réacteur nucléaire. Obtenir du lutécium pur était, jusqu’à présent, un processus long et compliqué, comme l’explique Miloslav Polášek :
« Il est extrêmement difficile de séparer l’ytterbium et le lutécium, car ce sont peut-être les deux éléments les plus similaires que l’on trouve dans le tableau périodique des éléments. Non seulement leur séparation est difficile, mais il existe un rapport très défavorable. Nous devons trier une petite quantité de lutécium parmi une grande quantité d’ytterbium, dont nous n’avons pas besoin. »
Ainsi, isoler le lutécium de ce mélange nécessitait une dizaine d’heures jusqu’à présent. L’équipe de l’Académie des sciences tchèque a donc mis au point une molécule spéciale qui peut « trier » les deux éléments environ dix fois plus vite. Or, le temps est un facteur crucial dans la préparation des substances radioactives qui se désintègrent rapidement.
La société américaine Shine Technologies a acheté la licence pour produire industriellement du lutécium sur la base de cette technologie il y a trois ans. Depuis, elle a franchi plusieurs étapes, notamment dans le domaine de la production expérimentale. Récemment, sur son site Internet, la société a annoncé la prochaine mise en service d’une ligne de production de lutécium à grande échelle.
Un autre espoir scientifique pour 2023 est également lié au travail des chercheurs de l’Institut pragois de chimie organique et de biochimie. Il y a quelques années, l’équipe de Pavel Majer a mis au point un nouveau médicament qui permet de bloquer l’apport de nutriments importants aux cellules cancéreuses. La société américaine Dracen Pharmaceuticals a terminé les essais cliniques du médicament : les résultats devraient être connus à la fin de l’année ou au début de 2024.