Une chercheuse tchèque à l’origine d’un traitement révolutionnaire du cancer de la prostate
La chimiste tchèque Martina Benešová et ses collègues du laboratoire de Heidelberg, en Allemagne, sont à l’origine d’un nouveau traitement révolutionnaire contre le cancer de la prostate, le PSMA-617, autrement dit la radiothérapie interne vectorisée. Cette méthode, appliquée chez les hommes atteints d’un cancer de la prostate à un stade très avancé, a des résultats frappants. Elle vient d’être approuvée par l’Agence américaine des médicaments (FDA).
Dans le monde, le carcinome de la prostate est le deuxième cancer le plus répandu chez l’homme, derrière le cancer du poumon. En République tchèque, il s’agit même de la tumeur maligne la plus fréquente chez les hommes, avec près de 8 000 cas diagnostiqués chaque année.
Rien que pendant la période d’essais cliniques, le médicament commercialisé sous le nom de Novartis Pluvicto et basé sur la radiothérapie PSMA a sauvé ou prolongé la vie à plusieurs milliers de patients atteints d’une forme grave du cancer de la prostate, chez lesquels les traitements antérieurs n’ont pas été efficaces.
La chercheuse tchèque Martina Benešová a mis au point la radiothérapie vectorisée au PSMA au Centre allemand de recherche sur le cancer de Heidelberg. Elle a expliqué le principe de cette méthode à succès à la Télévision tchèque :
« Imaginez que sur le dessus des cellules cancéreuses de la prostate existe une petite serrure avec une forme spéciale. Notre médicament radiopharmaceutique fonctionne comme une clé qui traverse exactement cette serrure pour l’ouvrir. Il se dirige spécifiquement vers les cellules cancéreuses de la prostate et non vers les cellules saines. Une fois qu’il se trouve à l’intérieur de la cellule, le médicament sort de son sac à dos, pour ainsi dire, un nucléide radioactif qui se désintègre et produit une énorme quantité d’énergie. Celle-ci détruit les cellules cancéreuses. »
« Notre médicament radiopharmaceutique fonctionne bien dans les cas où la chimiothérapie n’a pas apporté l’effet escompté, c’est pourquoi il est appliqué chez les hommes qui sont en stade terminal de la maladie. Par ailleurs, la chimiothérapie agit de manière systémique, c’est-à-dire qu’elle affecte également d’autres parties du corps, tandis que notre traitement agit principalement sur les cellules cancéreuses, elle n’a aucun effet sur les cellules saines des organes et des tissus. »
Selon Martina Benešová, la radiothérapie vectorisée au PSMA, qui fait toujours partie des médicaments expérimentaux, a déjà sauvé des milliers, voire des dizaines de milliers de patients atteints du cancer de la prostate, principalement en Allemagne et aux Etats-Unis :
« Je me souviens particulièrement d’un patient qui avait déjà subi 50 cycles de chimiothérapie qui n’avaient eu aucun effet. On ne lui donnait que très peu de temps à vivre et il souffrait de douleurs intenses partout dans son corps, car il avait des milliers de métastases. Il a été traité avec notre médicament radiopharmaceutique et ses métastases ont pratiquement disparu. »
La radiothérapie vectorisée au PSMA est actuellement testée sur les premiers patients tchèques à l’hôpital d’Olomouc. Elle pourrait être approuvée par l’Agence européenne des médicaments d’ici la fin de l’année. La chimiste Martina Benešová et son groupe de recherche du laboratoire allemand développent actuellement des traitements similaires efficaces contre les cancers du sein et des glandes salivaires.