Les scientifiques craignent la liquidation de l’Académie des Sciences tchèque

Photo: CTK

La figurine d’un scientifique pendu accrochée sur le bâtiment de l’Académie des Sciences tchèque au centre de Prague… C’est la forme d’un happening qu’ont choisi ceux qui ont protesté mardi, à Prague, pour des motivations pourtant on ne peut plus sérieuses.

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Ce sont les réductions envisagées du budget de l’Académie des sciences qui ont poussé près de 200 scientifiques, soutenus par des étudiants et des sympathisants, à sortir dans la rue en brandissant le slogan : « l’assassinat de la science tchèque ». Une révolte jamais vue au cours des vingt dernières années dans les milieux académiques. Václav Hořejší, directeur de l’Institut de génétique moléculaire, explique :

« Au cours des trois prochaines années, le financement fondamental, le financement institutionnel, sera réduit de 50 % et cela risque de liquider l’Académie. Ces moyens sont destinés aux salaires, à l’exploitation des bâtiments etc. Si cela se réalise, il faudra fermer la plupart des établissements. Les arguments utilisés pour justifier cette décision sont souvent démagogiques. On nous dit : profitez des appels d’offre pour des subventions. Mais on sait bien que les moyens ainsi acquis ne peuvent être utilisés qu’à des fins spécifiques. »

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Les milieux scientifiques s’inquiètent en outre du manque de moyens pour l’équipement des laboratoires, s’attendent à des licenciements et à la fuite des jeunes têtes à l’étranger.

La proposition du gouvernement ne stipule pas de couper en bloc les moyens destinés à la science et à la recherche, mais de distribuer autrement la somme qui en fait demeure la même que l’année écoulée, soit 25 milliards de couronnes. Dans cette logique, plus de moyens financiers seront accordés à la recherche appliquée au sein des firmes et des entreprises et dans les écoles supérieures et moins à l’Académie des sciences. L’utilisation de sources privées pour le financement de la recherche est une solution qui plairait à Václav Pačes, ex-président de l’Académie des sciences tchèques :

Václav Pačes
« Avant la Deuxième Guerre mondiale, il existait dans le pays une recherche très développée qui était pratiquée dans des entreprises. Ce sont des choses que l’on ne voit plus du tout aujourd’hui. A mon sens, le problème principal est le manque de sources privées. La recherche appliquée devrait être réalisée, même avec un certain soutien de l’Etat, de sources privées des entreprises ».

Même si ces dernières années, les frais liés à la science et à la recherche en Tchéquie ont tendance à s’accroître, ils demeurent toujours au-dessous de la moyenne européenne.