Les soldats tchèques se retireront aussi d’Afghanistan
Le président américain Joe Biden a confirmé mercredi le retrait de toutes les troupes américaines d'Afghanistan d'ici le vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, qui avaient provoqué l'intervention des États-Unis. Ce départ américain se fera conjointement avec celui des forces déployées par l’OTAN et concerne donc également les soldats tchèques présents dans le pays depuis 2002.
Quatrième président américain « à gérer la présence militaire américaine en Afghanistan », Joe Biden a promis de ne pas transmettre « cette responsabilité à un cinquième » et a estimé vain d’attendre « de créer des conditions idéales pour un retrait en espérant un résultat différent ». Les vingt ans de présence militaire étrangère en Afghanistan se concluent par un bilan plus que mitigé : si des progrès ont été faits quant à l’éducation des filles et la participation des femmes à la vie publique, la paix n’est pas revenue, les talibans contrôlent la moitié du territoire, et des milliers de morts sont à déplorer, tant côté civil que militaire. Prise en 2020 par Donald Trump et actée par son successeur, cette décision semble sonner le glas d’une politique étrangère américaine visant à changer des régimes politiques en place.
Actuellement, 10 000 soldats de l’OTAN, dont un quart sont des Américains, sont impliqués dans la mission en Afghanistan. Le ministre de la Défense Lubomír Metnar a fait savoir que la Tchéquie respectait la décision américaine et qu’elle continuerait à apporter son aide à la lutte contre le terrorisme international. Il a également déclaré que les soldats tchèques « étaient prêts à se retirer » à partir du 1er mai avec les autres troupes.
Autre son de cloche au sommet de l’Etat, où le président Miloš Zeman, par la voix de son porte-parole, a qualifié d’ « erreur » ce retrait des troupes d’Afghanistan. Le chef de l’Etat a toujours défendu le rôle des troupes alliées en Afghanistan comme un moyen efficace de lutter contre le terrorisme islamique, a ajouté jeudi le porte-parole du président tchèque pour le quotidien Právo.
Depuis 2002, des milliers de soldats tchèques ont été déployés dans ce pays enclavé d’Asie centrale. Hôpital de campagne, unités de surveillance sur la base aérienne de Bagram, dans l’est du pays, équipe de reconstruction implantée dans la province de Logar, les missions des militaires tchèques ont été diverses en vingt ans. Actuellement, la République tchèque, comme d'autres membres de la coalition, participe à la mission d’entraînement Resolute Support.
Cette présence militaire tchèque n’est pas allée sans pertes : 14 soldats ont perdu la vie au cours de ces missions. En septembre 2019, un monument à la mémoire de ces militaires a été dévoilé sur la base de Bagram.
Alors que plus de 11 500 soldats tchèques qui se sont relayés au fil des années en Afghanistan, la question des vétérans de cette longue mission et issus des autres engagements de l’armée tchèque à l’étranger, se pose en Tchéquie.
En mars, un centre communautaire destiné aux anciens combattants a ouvert ses portes à Prague, virtuellement pour l’heure en raison de la pandémie. Avant de pouvoir accueillir du public, ce lieu géré par l’Hôpital militaire de la capitale propose donc un service de conseil à ces soldats qui souhaitent retourner à la vie civile, des consultations relatives à leur carrière, à la gestion de leurs finances, mais aussi une aide psychologique.
Ces vétérans peuvent être âgés de 50 à 70 ans, pour ceux qui ont participé autrefois aux opérations militaires dans le Golfe persique ou bien être de jeunes recrues d’une vingtaine d’années revenues de récentes missions en Afghanistan ou de l’actuelle opération menée au Mali à laquelle la République tchèque participe activement dans le cadre de la force européenne Takuba.