Les Tchèques en congé paternité
Les congés paternité : le phénomène n'est plus inconnu, en République tchèque, comme c'était le cas avant la chute du communisme. Qu'est-ce qui pousse les pères tchèques à pouponner à la place de leurs épouses ? Magdalena Segertova a cherché la réponse.
La mère à la maison, en train de s'occuper du bébé, le père au travail, en train de gagner de l'argent... Combien de générations ont vécu dans ce stéréotype ! Depuis plusieurs années, la législation tchèque permet aux jeunes familles de le briser. Le nombre de jeunes papas courageux qui n'hésitent pas à se transformer, pour plusieurs mois, en mamans, n'est pas négligeable. Souvent, c'est le travail qui décide à la place du couple : "Peu après la naissance de Rozarka, notre fille, on a proposé à ma femme le poste de rédactrice en chef dans une radio. Moi, j'étais, à ce moment-là, très fatigué par mon travail, j'avais envie de me reposer. Alors, je m'y suis lancé... ", dit Pavel Andel, présentateur à la télévision, après avoir passé un an en congés paternité. "Pour ma femme, directrice du théâtre, il aurait été beaucoup plus difficile d'interrompre sa carrière professionnelle, que pour moi, qui suis journaliste", explique un autre père et mari idéal, Marek Salek. Le psychiatre Petr Pöthe, lui, se range dans la catégorie des papas enthousiastes qui veulent, tout simplement, profiter de l'occasion de voir grandir, jour après jour, un petit être humain...
Ne cachons pas la vérité : en République tchèque, le congés paternité est pour l'instant un luxe. Seules les ménages où la femme a des revenus au-dessus de la moyenne peuvent se le permettre. Les avantages de ce modèle ? En général, les papas tchèques qui ont vécu cette expérience, sont ravis : ils disent être plus proches de leurs enfants, de leurs épouses, de la vie familiale qu'auparavant. Dans l'hebdomadaire tchèque Reflex, qui a, récemment, consacré plusieurs pages à ce sujet, on peut lire: "Pour les femmes aussi, c'est une bonne expérience. Les hommes qui s'occupent des bébés se comportent autrement que les femmes dans la même situation : ils essaient de ne pas perdre le contact avec leur profession, d'avoir aussi des moments libres, du temps pour soi-même. En réalité, c'est le retour à la vie normale. Car une famille, où les enfants prennent leur père pour un oncle, qu'ils ne voient que le soir, n'est pas normale."