Les Tchèques et le marché du travail de l'UE

Photo: Commission Européenne

A moins de trois mois de son entrée dans l'Union Européenne, la Tchéquie ne sait pas vraiment à quoi s'attendre en ce qui concerne la possibilité, pour ses ressortissants, d'occuper un emploi sans permis spécial dans l'un des quinze pays membres actuels.

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"Les pays qui, après de longues discussions, avaient accompli un geste politique fort en décidant de libéraliser totalement leur marché du travail, sont en train de faire volte-face. Cela prête à des interprétations différentes et a un mauvais impact sur la confiance des Tchèques". Ces paroles sont celles de l'ambassadeur tchèque à Bruxelles, Pavel Telicka, rapportées ce vendredi par le quotidien Pravo. L'atmosphère se tend entre les futurs et les anciens membres de l'Union. Le libre accès des ressortissants des dix nouveaux pays aux marchés du travail des quinze anciens est un sujet sensible, sur lequel risque de se focaliser l'attention de la population tchèque jusqu'au 1er mai et même au-delà. Les membres actuels ont jusqu'au 30 avril pour décider d'ouvrir leur marché du travail ou de le maintenir fermé, pour une durée maximale de sept ans. Seule l'Irlande a pour l'instant confirmé qu'elle permettrait à tous les citoyens de l'UE de travailler à l'intérieur de ses frontières sans aucune réserve. Les autres pays auront vraisemblablement recours à des délais supplémentaires, des quotas, ou des restrictions sur les allocations sociales. Les récentes déclarations de Tony Blair à propos des dangers d'une nouvelle vague d'immigration, notamment de Roms tchèques et slovaques, pour bénéficier des aides sociales britanniques, ont été mal accueillies à Prague. En 2002, la Grande-Bretagne avait promis, avec cinq autres pays dont la Suède et la Grèce, d'appliquer le principe de la libre circulation de la main-d'oeuvre, dès l'arrivée des nouveaux membres au sein de l'Union. Aujourd'hui, les promesses paraissent bien loin, et Londres, comme Athènes ou Stockholm, tergiversent et laissent planer le doute sur leurs intentions. Le ministre tchèque du Travail et des Affaires sociales, Zdenek Skromach, même s'il reste prudent, a avoué que les dernières évolutions dans ce domaine n'allaient pas dans la bonne direction. Pour Jan Zahradil, tête de liste du Parti civique démocrate aux élections européennes, la responsabilité incombe au gouvernement, qui a fait miroiter aux électeurs une hypothétique libre-circulation de la main-d'oeuvre lors de la campagne du référendum pour l'adhésion à l'Union. Une chose reste certaine, ce dossier n'a pas fini de compliquer les relations entre nouveaux et anciens membres.