Les Tchèques indifférents ou presque à la Journée internationale de la femme, "fête bolchévique"

La Journée internationale de la femme est célébrée ce mercredi. Discréditée sous le régime communiste, les députés tchèques avaient pourtant voté pour sa réinstauration dans le calendrier voilà deux ans de cela. N'empêche, même si les fleuristes et chocolatiers s'attendent à un regain d'intérêt des hommes le 8 mars, en République tchèque, la journée consacrée à la plus belle moitié du genre humain est aujourd'hui pratiquement ignorée.

« La Journée internationale de la femme ? Bien entendu que je ne la fête pas ! » Seize ans après la révolution, c'est encore de manière catégorique que réagissent beaucoup de femmes tchèques lorsqu'on leur demande si elles vont célébrer cette journée qui leur est dédiée. La faute aux temps révolus d'avant 1989, aujourd'hui sans doute quelque peu caricaturés, quand les hommes (pas tous quand même) profitaient de l'occasion pour se piquer le nez avec leurs collègues de travail avant de ramener un bouquet à leur épouse restée à les attendre patiemment à la maison avec les enfants.

Un vestige du passé, donc, remis au goût du jour par les politiques. Et bien qu'elle laisse indifférents la plupart des Tchèques, la Journée est malgré tout devenue l'occasion de s'interroger sur la place des femmes dans la société. Or, si les leaders des mouvements féministes ne manquent certes jamais de monter au créneau pour défendre leurs droits, parfois même avec un peu trop de régularité et d'agressivité selon certains, il n'en reste pas moins que des progrès notables ont été accomplis en seize ans dans le domaine de l'égalité des chances.

Josef Janecek
Mais parce que la Journée de la femme ne fait pas l'unanimité, le parti chrétien-démocrate aimerait que la fête des Mères retrouve la place, le sens et la valeur qui étaient les siennes dans la première moitié du XXe siècle et redevienne dans le calendrier ce que les Tchèques appellent une « journée importante ». La question devait d'ailleurs être débattue, ce mercredi, au gouvernement. « C'est une tradition qui remonte déjà à l'époque de Madame Masarykova, épouse du premier président de la République tchécoslovaque, explique le député chrétien-démocrate Josef Janecek. Elle avait alors beaucoup contribué à ce que la fête des Mères soit respectée. La tradition qui veut que cette fête soit célébrée le deuxième dimanche de mai a donc des origines profondes et nous ne faisons que renouer avec celles-ci. »

Pour Vladmir Spidla, l'ancien Premier ministre tchèque désormais commissaire européen en charge des Affaires sociales et de l'égalité des chances, la Journée internationale de la femme constitue cependant avant tout un moment opportun pour rappeler qu'en Europe en général, tout n'est pas encore parfait, loin de là :

Vladmir Spidla
« Je pense que la Journée internationale de la femme est une journée qui fut justement instaurée à un moment où l'égalité des chances en était encore à ses balbutiements. A l'heure actuelle, nous ne pouvons pas encore dire que nous soyons parvenus à une égalité entre les deux sexes, comme en témoignent les chiffres de l'Union européenne. Par exemple, pour les salaires, il y a une différence moyenne de 15 % entre les hommes et les femmes en Europe. En République tchèque, cette différence est même de 19 %. Par ailleurs, même à Bruxelles, il n'y a que 25 % de femmes qui siègent au Parlement européen. Mais lorsque nous aurons atteint une égalité dans tous les domaines, alors je serai également favorable à la mise en place d'une Journée internationale de l'homme. »

Et ce jour-là, les femmes tchèques offriront alors peut-être une bouteille à leur mari...