Les Tchèques, la nation la moins saine au monde ?
Les Tchèques seraient la nation dont le mode de vie serait le moins sain au monde. C’est en tout cas le titre choc de différents médias britanniques qui relaient un article du site Compare Clinic, s’appuyant notamment sur les données de l’OMC. En Tchéquie, si l’on ne nie pas les graves problèmes du pays liés à l’alcoolisme, le tabac et l’obésité, on conteste cependant cette présentation peu enviable.
« Je pense déjà que ce titre, ou la façon dont les médias relaient l’information, est fautive : les Tchèques ne constituent pas la nation la moins saine, c’est clairement faux. Nous avons toute une série d’indicateurs qui, au contraire, évaluent très positivement la qualité de notre système de santé, avec par exemple toutes les données sur la mortalité infantile. »
Selon le classement de la firme britannique, les nations « les moins saines » se trouvent d’ailleurs essentiellement en Europe centrale et orientale. A l’inverse, dans le top 10 des pays « les plus sains », on trouve en tête l’Afghanistan, mais également un peu loin l’Erythrée ou la Somalie, soit des Etats ravagés par la guerre et la pauvreté.
Si le sérieux de la comparaison est clairement douteux, il n’en reste pas moins que la République tchèque a bel et bien un problème avec l’alcool, le tabac et l’obésité. Chaque Tchèque boit en moyenne 13,7 litres de bière par an, un record. Le pays est également onzième au monde pour ce qui est de sa consommation de cigarettes. Alena Šteflová ne prend pas le problème à la légère :« Clairement pour ces paramètres (obésité, alcoolisme et tabac), nous faisons partie des pays se trouvant en tête du mauvais peloton. Cela concerne la population adulte mais aussi celle des enfants. Il y a toute une série d’études fiables sur le sujet. L’une d’entre elle suit les styles de vie des élèves tchèques et j’aimerais en citer certains résultats qui vont dans le sens de cette comparaison britannique. Il est ainsi vrai que nous avons 18% de fumeurs réguliers chez les adolescents de 15 ans. Ils ont une grande expérience de l’alcool et du tabac. A cet âge de 15 ans, un tiers des filles consomment régulièrement de l’alcool et près de la moitié des garçons. »
Une étude de l’Institut national de santé, basée sur les chiffres de 2016, confirme le constat. Selon elle, près des deux tiers de la population tchèque auraient une consommation d’alcool à risque. Parmi ces personnes, une sur cinq rencontrerait de sérieux problèmes sociaux ou de santé en lien avec cette addiction.
Ce travail indique aussi que les ventes de boissons alcoolisées représentent des rentrées fiscales annuelles de l’ordre de sept milliards de couronnes pour l’Etat tchèque. Cependant, ce dernier dépenserait plus du double pour faire face aux conséquences de la consommation de ces boissons. Pour Renata Hladná, chargée de définir la politique anti-drogue au Bureau du gouvernement, il y a pourtant des mesures à prendre :« Depuis longtemps, les experts recommandent de diminuer l’accessibilité de l’alcool, d’augmenter son prix et de concentrer les efforts sur les jeunes. Il s’agit de faire en sorte que l’alcool ne leur soit plus aussi accessible dans les chaînes de distribution classiques comme dans les épiceries de nuit. »
A noter que dans les médias tchèques, on a visiblement peu goûté les titres des collègues du Royaume-Uni. La Télévision tchèque rappelle par exemple que les statistiques sont réalisées sur une base géographique. Ainsi, la consommation de bière enregistrée en Tchéquie comprend également celle des touristes, et « y compris des touristes britanniques, qui sont très nombreux à s’organiser un weekend dans les établissement de restauration pragois », note le média public.