Les Thalies en manque de souffle ?
Samedi dernier, le Théâtre national de Prague, et les téléspectateurs, en direct, ont pu voir la distribution des Prix Thalies aux meilleurs comédiens, danseurs de ballet et chanteurs d'opéra et d'opérette de l'année précédente.
A suivre la cérémonie des Thalies, on aurait presque envie de bâiller... En effet, rien ne change, au fil des années : aucune innovation du point de vue de l'organisation du palmarès, peu de visages nouveaux parmi les nominés, et encore, parmi eux, peu de comédiens de province. Est-ce dû à la pauvreté de la production non-pragoise ou bien au manque d'intérêt de la part des comités de sélection, composés, eux aussi, d'hommes de théâtre ? Là encore, on ne se lasse pas d'en débattre... Quoi qu'il en soit, le Théâtre national de Prague, par exemple, a triomphé dans trois catégories : sa vedette incontestable, Boris Rösner, a reçu le prix du meilleur comédien, pour son rôle d'Harpagon dans l'Avare de Molière, le même qui lui avait valu, quelques jours auparavant, un autre trophée théâtral de prestige, le Prix Radok. Les meilleurs danseurs de l'année, Zuzana Susova et Michal Stipa, tous deux du Théâtre national, ont été couronnés pour leurs performances dans le ballet Giselle. Un nom à retenir, sans doute : Vanda Hybnerova, meilleure comédienne de l'année. Fille du célèbre mime Boris Hybner, elle a été primée pour le rôle de Catherine, dans la pièce Dukaz (La Preuve) de David Auburn, au Théâtre intimiste de Prague Divadlo v Reznicke. Avec son mari, Sasa Rasilov, Vanda Hybnerova créée des spectacles d'auteur, qui laissent deviner ses multiples talents : de comédienne, de mime, de plasticienne... Je pense notamment à leur adaptation des Chaises d'Eugène Yonesco, toujours au Théâtre v Reznicke. Cette année, une polémique s'est développée autour des deux prix de théâtre : les Thalies et les Prix Alfred Radok - moins médiatisés et plus objectifs, pour certains, puisque décernés par la critique. Les récompenses et les débats interminables sur leur utilité, sur les noms de lauréats qui se répètent, ne font-ils pas plus de mal que de bien au théâtre tchèque ? Leurs donateurs généreux et enthousiastes, ne devraient-ils pas s'accorder une trêve de quelques années ? Le temps d'attendre que de nouveaux talents mûrissent ? Une chose est certaine, ces derniers ne font pas défaut... Ecoutez Richard Krajco, un des candidats aux Thalies et leader du groupe musical Krystof...