"Les Tunisiens ne connaissaient pas l'histoire de Jan Palach"
La fin du régime du président tunisien Ben Ali fait la une de l’actualité internationale depuis plusieurs jours. Le suicide par le feu de Mohammed Bouazizi, jeune diplômé sans emploi, le 17 décembre, a rappelé à de nombreux commentateurs le geste du Tchèque Jan Palach en 1969. En République tchèque, les Tunisiens sont peu nombreux, mais nous en avons rencontré un cette semaine pour parler, entre autres, de ce parallèle historique :
Avez-vous été surpris par ce qui s’est passé ces derniers jours en Tunisie ?
« Non, pas vraiment, parce qu’on savait, depuis environ dix ans maintenant, qu’un jour on allait vraiment pousser le dictateur à quitter le pouvoir et le pays. Et aujourd’hui c’est fait, il a quitté le pays… »
Etes-vous en contact régulier avec votre famille et vos amis en Tunisie ?
« Je suis en contact avec tous mes amis de l’université. Je les contacte régulièrement, ainsi que ma famille. »
Comment vous informez-vous depuis Prague sur le déroulement des événements en Tunisie ?« Ma première source d’information est la chaîne de télévision Al-Jazeera. Et mes amis tournent aussi des vidéos avec leur téléphone portable et je peux les voir sur Facebook et Youtube. »
Comment ça se passe au niveau de la communauté tunisienne à Prague, vous vous réunissez régulièrement ?
« On se voit dans un café du centre de Prague. On se réunit pour regarder Al-Jazeera, comme un match de foot, c’est diffusé toute la journée et on regarde depuis les premiers jours de la révolution. »
Je crois que vous faites partie d’un groupe d’étudiants, qui avait donc un peu « anticipé » ces événements ?« Je fais partie des Etudiants libres de Tunisie. En Tunisie, ils étaient préparés à une révolution. Mais tout cela a été spontané, le mouvement populaire n’a pas été dirigé par des partis spécifiques. Dans presque toutes les universités il y avait des opposants. Sous le régime précédent, leur jeu était ‘si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous’. »
On a comparé ces derniers jours le suicide par le feu de Mohammed Bouazizi, jeune diplômé au chômage, avec le suicide du Tchèque Jan Palach en 1969. Est-ce qu’on fait aussi le rapprochement en Tunisie ?« Pour eux le geste de Jan Palach en Tchécoslovaquie était inconnu. Je regardais Al-Jazeera hier et ils ont dit à propos de Mohammed Bouazizi que c’était la première fois qu’une personne commettait un tel geste. Je voulais intervenir dans l’émission, mais ce n’était pas facile, parce que je savais qu’un jeune Tchèque l’avait fait avant. »
Suite de cet entretien dans notre émission de demain.