Les Ukrainiens de République tchèque soutiennent leurs compatriotes
Face aux images des atrocités qui circulent ces derniers jours à travers le monde entier, montrant la ville de Kiev comme une zone de guerre avec les corps des victimes gisant dans les rues, des vagues de soutien se sont élevées un peu partout en Europe pour protester contre les répressions menées en Ukraine par le régime du président Viktor Ianoukovitch. A Prague, près d’un millier de personnes se sont réunies devant le Château de Prague jeudi dans l’après-midi, puis sur la place Venceslas dans la soirée, pour exprimer leur soutien aux manifestants en Ukraine.
Une collecte de fonds et d’aide matérielle a été lancée par les Ukrainiens de République tchèque, et plus précisément par l’organisation « La perspective de l’Ukraine européenne ». Les sédatifs, les produits désinfectants ou les pansements restent le matériel le plus demandé.
Les manifestants rassemblés à Prague ont brandi des banderoles sur lesquelles étaient inscrits des slogans tels que « Stop à la dictature » ou « Combien de personnes doivent encore mourir ? », appelant à la démission du président Ianoukovitch et à sa comparution devant la Cour internationale de justice de La Haye. Un des Ukrainiens venu apporter son soutien devant le Château de Prague était Bohdan Shmotolokh, dont un des amis est décédé dans la nuit de mercredi à jeudi sur les barricades à Kiev. Il a confié sa vision des choses :
« On est en train d’assassiner des gens en Ukraine. J’avais déjà pleuré lorsque le gouvernement de Viktor Ianoukovitch avait commencé à tuer les gens il y a un mois de cela. Malheureusement, un ami d’enfance a été tué cette nuit. Nous avons grandi dans la même rue, ses enfants et mes enfants allaient ensemble à l’école. Il a reçu une balle en pleine tête aujourd’hui, et ce peut-être bien par un des snipers que l’on peut voir sur différentes images. Ianoukovitch ment quand il dit que ce sont les policiers qui tirent pour se défendre ou calmer la situation. Ce sont les snipers qui tirent avec leurs armes. Mon ami n’avait pas d’arme, il est seulement venu exprimer son opinion et son droit à la vie humaine. »Zina Gavriljuk, qui vit à Prague depuis quinze ans, a également voulu s’exprimer sur la situation dans son pays d’origine. Elle souligne le fait que la situation, même dans le pays, peut paraître chaotique pour les Ukrainiens qui ne disposent que d'informations fournies par les autorités nationales. Pour Zina Gavriljuk, les personnes qui manifestent et meurent actuellement en Ukraine, ne souhaitent rien de plus que le respect du droit à la liberté et à la vie et que de pouvoir s’exprimer librement :
« Les personnes qui possèdent des technologies de communication plus avancées, qui ont internet ou accès aux réseaux sociaux, peuvent distinguer le vrai du faux. Elles savent vraiment ce qui se passe, qu’il y a du terrorisme et de la violence, et pas la violence décrite par Ianoukovitch, que je ne peux même pas appeler ‘président’. Ce n’est pas notre président, nous ne l’avons pas choisi, il s’est choisi lui-même. Il a créé un gouvernement à base d’armes qui est en train de détruire ma nation. »Après l’initiative lancée par les Ukrainiens de République tchèque, l’ONG Charita a également mis en place la possibilité de verser des dons via un numéro de compte, tout en débloquant 200 000 couronnes (près de 7 000 euros) de ses propres fonds. Gallina Andrejcevová, qui est une des responsables de l’initiative « La perspective de l’Ukraine européenne », a évoqué l’attitude des Tchèques face à cette situation d’urgence qui pourrait provoquer des vagues d’immigration :
« Je sens une extrême solidarité en République tchèque. Je vis ici depuis quatorze ans et je n’ai jamais vécu de situations de discrimination ou de mauvaises réactions parce que je suis Ukrainienne. Dès que j’ai lancé la collecte de fonds ‘Aider l’Ukraine’, énormément de personnes sont venues me voir et 80% d’entre elles étaient des Tchèques. On voit un grand mouvement de solidarité et de soutien, notamment à travers le slogan ‘Pour notre et votre liberté’. Il n’y a donc aucune oppression en République tchèque de ce côté-là. A la place des Tchèques, je n’aurais pas peur de voir arriver des Ukrainiens, car ce sont des gens travailleurs. »Le gouvernement tchèque devrait également se prononcer la semaine prochaine sur l’élargissement de Medevac, un programme mis en œuvre par le ministère de l’Intérieur en étroite collaboration avec les ministères de la Défense et de la Santé. Il s’agit d’un programme d’évacuation humanitaire des personnes touchées par la guerre et qui ne peuvent être soignées sur place. Pour plus d’informations sur le soutien qu’il est possible d’apporter à l’Ukraine, consultez le site internet www.ukrajinci.cz.