Valerie : « Après avoir accompagné des étrangers à Kyiv, j’aide des Ukrainiens arrivés à Prague »

Kyiv

La Tchèque Valerie Stulíková a vécu douze ans à Kyiv, de 2007 à 2019, ville dans laquelle elle a notamment travaillé au sein de l’International Women’s Club (IWCK). Une association au sein de laquelle elle a d’abord été responsable de la collecte de fonds avant d’en devenir la présidente. Au micro de Radio Prague International, Valerie Stulíková a parlé de cette expérience et de l’aide qu’elle a désormais mise en place près de Prague à destination des réfugiés ukrainiens.

Valerie Stulíková | Photo :  Archives de Valerie Stulíková

« Nous organisions différents ateliers et cours, notamment de yoga ou bien des cours pour les enfants. J’étais donc déjà engagée dans l’intégration des étrangers qui vivaient à Kyiv ou qui y arrivaient. Une partie de nos activités consistait en des actions de charité, on était engagés dans différents programmes caritatifs pour les enfants ou les personnes âgées ukrainiennes. »

Un bazar de charité mis en place par l’association ukrainienne avec l’aide de quarante ambassades, avait permis de récolter en un jour 3 millions de couronnes tchèques (près de 120 500 euros) pour de nombreux projets en Ukraine, notamment l’aide aux orphelins et aux familles avec des enfants handicapés.

La révolution de Maïdan | Photo : Ата,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0

De ces douze années au sein de la capitale ukrainienne, aujourd’hui attaquée par l’armée russe, Valerie se souvient du courage des Ukrainiens durant la révolution de Maïdan, mais retient également l’enthousiasme des habitants pour le mode de vie occidental, et leur volonté de se rapprocher de l’Europe.

« Nous avons assisté, en Ukraine,  à un événement marquant, j’ai pu observer un changement dans la mentalité des Ukrainiens. Après 2014, ils sont devenus plus ouverts, plus fiers d’eux-mêmes. J’ai toujours su ce pour quoi la société ukrainienne se battait. Alors qu’en revenant ici en vacances, mon impression était que les gens étaient plus intéressés par la société de consommation. »

Kyiv | Photo : Leonhard Niederwimmer,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« C’était génial pour moi de vivre là-bas pendant cette période et de voir à quel point les Ukrainiens se battent pour tout ce que nous avons ici et que nous n’apprécions plus vraiment. En Ukraine, ils espèrent toujours pouvoir atteindre les standards de vie européens, c’est ce qu’ils veulent, ils ne veulent pas vivre dans un pays de type soviétique. »

« En 2014, nous avons déjà éprouvé ce sentiment de frustration. Pour moi, il m’était impossible d’imaginer qu’un pays puisse en envahir un autre parce qu’il y a des traités internationaux, des règles mais toutes celles-ci ont été violées. »

Crimée | Photo: Roman Kondratiev  (RomWeb),  Foter.com,  CC BY-NC-ND

Pour Valerie Stulíková, la vague de soutien tchèque actuelle peut se comprendre par l’expérience historique d’invasions passées. Pourtant l’annexion de la Crimée, en 2014, n’avait pas suscité autant d’empathie. Selon Valerie, cela s’explique par la distance, la ville de Kyiv étant plus proche géographiquement,  mais aussi en termes de mode de vie et de culture.

Valerie et sa famille hébergent en ce moment trois familles ukrainiennes, principalement des amis à elle qu’elle a pu rencontrer au cours de ses douze années dans la capitale ukrainienne. Ces derniers lui ont immédiatement demandé de l’aide pour échapper à la guerre :

Des réfugiés d’Ukraine | Photo : Patrik Uhlíř,  ČTK

« Ce sont mes amis de Kyiv, des amis d’amis, ou des proches. Je pense que les Ukrainiens tentent de fuir dans des pays européens où ils ont au moins un contact. J’héberge une professeure de danse venue à Prague avec son fils, son chien et son chat. Je l’aide pour le logement, les premiers jours, le temps qu’elle trouve un endroit où s’installer. Je l’aide à obtenir un visa. C’est peut être une goutte dans l’océan mais au moins, je peux aider mes amis. Je les aide pour les transports, je leur conseille des applications à télécharger. Certains d’entre eux ne parlent pas du tout anglais, c’est difficile pour eux, ils ne parlent ni tchèque, ni anglais donc je peux traduire. Ils ont aussi besoin d’un soutien psychologique, parfois juste un câlin, ou de parler, car ils ont subi un traumatisme. »

Valerie ne pouvait pas imaginer, lorsqu’elle accompagnait les étrangers arrivant à Kyiv, que quelques années plus tard, elle aiderait des réfugiés ukrainiens à fuir leur pays meurtri. Par ailleurs, si elle partage son logement, elle est aussi en contact avec l’école de son quartier qui travaille sur un projet de classe à destination des enfants ukrainiens. Elle n’est pas immédiatement à l’origine du programme, mais elle tente d’y contribuer comme elle peut. Son expérience associative et de bénévolat est désormais mise au service de la cause ukrainienne.

Újezd nad Lesy | Photo: ŠJů,  Wikimedia Commons,  CC BY 4.0 DEED

« Dans la banlieue de Prague où nous habitons, à Klánovice et Újezd nad Lesy, des Ukrainiens installés en République tchèque depuis des années, 20 ans, 10 ans, essayent d’organiser une classe d’enfants ukrainiens en collaboration avec le directeur de l’école. Ils ont besoin de locaux et de place. Je les aide à trouver des volontaires pour enseigner l’anglais et je prépare des ateliers pour les enfants. »

« Il y a aussi un groupe de scouts qui sont chargés d’organiser un voyage. Certain de mes amis expatriés se sont portés volontaires pour faire la conversation en anglais. Les gens proposent leur aide et je les mets en relation avec les organisateurs de cette initiative. On essaye de préparer des programmes et de collecter de l’argent pour pouvoir acheter aux enfants réfugiés des fournitures scolaires. »