Les vélos roses
Les cyclistes à Prague n'ont pas la vie facile. Les rues de la capitale sont encombrées par les voitures et le vélo n'arrive pas à s'imposer dans cette concurrence inégale. C'est pourquoi a été lancée la campagne « Les vélos roses » dont l'objectif est, entre autres, de visualiser le vélo en tant que moyen de transport. L'initiateur de la campagne Michal Krivohlavek a dit à Radio Prague :
"Faire du vélo à Prague est une grande aventure. Prague n'est pratiquement pas adaptée pour le cyclisme. Au cours des 15 dernières années le trafic automobile à Prague a triplé. Faire du vélo est donc actuellement un exploit pour des courageux. C'est lié à l'évolution de la société tchèque après la révolution de novembre 1989. La voiture est considérée aujourd'hui comme une grande valeur, symbole de la situation sociale et du succès, et cette logique est propre aussi aux hommes politiques. Pour les politiciens municipaux l'électeur est avant tout le chauffeur et non pas le piéton ou le cycliste. C'est pourquoi ils sont sensibles avant tout aux besoins des chauffeurs, et les groupes moins forts, même s'ils sont plus profitables à l'environnement, ne sont pas soutenus. »
Pour répondre aux critiques de cette situation les dirigeants municipaux ont cependant en réserve un argument de taille : au cours des dernières années on a construit un nombre assez important de pistes cyclables dans la grande banlieue, dans les parcs et les forêts des environs de Prague. Par contre dans le centre-ville le cycliste est toujours comme un élément étranger, un intrus. Il ne peut pas pratiquement pas utiliser le vélo pour se déplacer dans la ville, pour aller au travail. C'est pour changer cette situation qu'on a lancé donc la campagne «Les vélos roses». Michal Krivohlavek explique :
« "Les vélos roses" est une activité quasi maquisarde, une campagne pour soutenir l'infrastructure cycliste à Prague. Nous n'avons été que quelques amis à lancer cette initiative. Nous avons peint nos vélos en rose fluorescent pour dire que nous sommes ceux qui utilisent un moyen de transport sensible à l'environnement de la ville. On devrait nous accueillir chaleureusement, mais au lieu de cela on se moque de nous. »Les cyclistes qui veulent se joindre à cette initiative se donnent rendez-vous dans le parc de Letna (Letenske sady) où ils peignent leurs vélos en rose. Pour l'instant ils ne sont qu'une quinzaine mais ils espèrent que dans trois ans leur nombre atteindra un millier. Et quelle est la réaction des dirigeants municipaux ?
« Pour l'instant ce n'est pour eux qu'une activité de quelques extrémistes. Et pourtant presque tous les jeunes aimeraient se promener à vélo au moins deux ou trois fois par semaine. Ce qui est passionnant dans tout cela c'est que c'est une question ouverte. Prague devient désagréable pour ceux qui y vivent, non seulement pour les cyclistes, mais aussi pour les chauffeurs, pour les piétons. Tous ces gens qui veulent se déplacer changent donc progressivement d'attitude et finissent par se demander : « Voulons-nous vivre ici et dans quelles conditions ? » On ne résoudra rien en un an, c'est un problème dont la résolution prendra plutôt cinq, dix, quinze ans. »
Le prochain rendez-vous de ceux qui désirent circuler avec un vélo rose est fixé au parc de Letna mercredi 16 août à 16 heures.