Les verts reproches bruxellois de Jacques Chirac provoquent l'ire de la classe politique et de l'opinion publique tchèques
La déclaration du Président français Jacques Chirac à l'issue du sommet de Bruxelles a provoqué de vives réactions en République tchèque. Le Président français a sévèrement reproché aux pays candidats à l'Union européenne d'avoir adopté une position pro-américaine dans le cadre de la crise irakienne.
Ce sont précisément ces propos qui ont soulevé un tollé général à Prague. Comme un seul homme, la presse tchèque, quelque soit son bord, tire à boulets rouges sur Jacques Chirac, mais aussi, plus généralement, sur la politique extérieure menée par la France. Sous les titres « La Tchéquie rejette la raclée verbale de la France » et « Pourquoi Chirac s'en prend aux alliés des Etats-Unis », Lidové noviny, par exemple, rappelle que selon la tradition instaurée par le général de Gaulle, les visées de la France sont de suivre sa propre voix en matière de politique extérieure. Une tradition politique à laquelle s'identifie un Jacques Chirac qui ne manque pas d'y ajouter son ambition personnelle, ajoute le quotidien. Toute l'ambiguïté des relations franco-irakiennes est également mentionnée, notamment en ce qui concerne la lucrative vente d'armes, mais aussi l'amitié et l'admiration réciproques qui unissaient Jacques Chirac, alors Premier ministre, et Saddam Hussein dans les années 1970.
Les hommes politiques tchèques eux, de leur côté, se sont montrés plus prudents et mesurés dans leurs réactions. Selon le Premier ministre, Vladimir Spidla, la déclaration du Président français a été faite « en réaction à une situation bien précise ». Ses mots n'étaient certes « ni pesés, ni justes », mais ils ne remettent pas en cause, selon lui, les bons rapports entre la France et la Tchéquie. Pour Cyril Svoboda, enfin, le chef de la diplomatie, les propos du président Chirac peuvent même être perçus comme une impulsion positive pour les citoyens tchèques à voter en faveur de l'entrée de leur pays dans l'Union européenne à l'occasion du référendum, en juin.