Les vins alsaciens se présentent à Prague
L’Alsace et les pays tchèques ont beaucoup en commun... Outre des liens historiques forts, ils partagent un fond de culture germanique évident à base de chou, de porc, de houblon... mais aussi de vin blanc... Du 27 au 29 avril, des viticulteurs alsaciens seront à Prague pour présenter et faire découvrir aux Tchèques leurs riesling, sylvaner, pinot blanc et autres Gewürtz ! Pourtant, il peut paraître un peu surprenant, et risqué de venir promouvoir des vins blancs dans un pays déjà pas mal réputé pour les siens... Un avis que ne partage toutefois pas Didier Suc, chef du secteur agricole et agro-alimentaire de la Mission économique à Prague.
« Je ne crois pas que ce soit surprenant. Je dirais même : au contraire, c’est peut-être un vin qui est plus proche des habitudes des Tchèques et de leurs coutumes. Donc il y a peut-être une facilité d’accès à l’achat. Ils sont peut-être moins surpris par ce vin que par d’autres. Puisque lorsque le consommateur va choisir un vin, il est toujours tenté entre, d’une part, quelque chose de très exotique, qui pourrait le surprender, et parfois trop le surprendre, tandis que par rapport au vin blanc de Moravie, le vin alsacien qui a ses qualités propres est peut-être plus proche de ses goûts et donc plus attirant pour lui. A la fois différent car c’est bien sûr un autre terroir, mais en même temps, proche. »
Au niveau des tarifs, est-ce que les vins alsaciens se situent dans une tranche de prix abordable pour les Tchèques ? Et quelle est la tranche de prix que les Tchèques sont prêts à mettre pour un vin ?
« C’est une question difficile. On peut distinguer sur le marché tchèque deux types de consommateurs. Il y a d’abord le consommateur pragois, connaisseur, disons plus fortuné, qui est prêt à mettre un prix conséquent pour déguster le meilleur d’un terroir. Par contre le consommateur plus ‘moyen’, le prix va être un facteur important. Il mettra le vin alsacien sur le même pied que tous les vins du monde entier. De ce fait, nous avons peut-être un léger handicap de ce point de vue là. Mais qui dit qualité, dit à un moment donné un certain prix. Tout dépendra de l’attente du consommateur, de ce qu’il recherche exactement. »
Y a-t-il des chances que ces vins alsaciens se retrouvent, non pas dans des vinothèques spécialisées, mais en grande surface, dans des supermarchés ?
« Pourquoi pas. Tout dépendra de la politique de prix des producteur alsaciens même. Ensuite du niveau d’acceptance des grandes centrales de distribution. Mais il n’y a pas d’obstacle physique. Ce sera une question de lancement de produit, moyenne gamme, par exemple, à prix relativement concurrentiel, qui peut avoir du succès... »
Vous parlez de lancement de produit, qui dit lancement de produit, dit publicité, une façon de présenter ce produit... Quelle direction veulent prendre ces vins alsaciens pour s’imposer sur le marché tchèque, ou en tout cas se faire une place ?
« Pour se faire une place, oui, car c’est un marché très ouvert. Les Tchèques sont en général très curieux de toutes les nouveautés. Ce qui fait la force des vins d’Alsace, c’est bien entendu la qualité. Vouloir faire concurrence en terme de prix n’a pas de sens. On risque de se retrouver vers un alignement vers le bas au niveau des prix, ce qui peut paraître comme un avantage pour le consommateur, mais ça veut dire un alignement vers le bas au niveau de la qualité, ce qui est beaucoup moins avantageux. La qualité, le terroir, la tradition, c’est ce qui permettra et permet aux vins alsaciens de percer sur le marché tchèque. »