L’euthanasie bientôt en République tchèque ?
Légaliser l’euthanasie ou pas ? Après la soumission par le Parti libéral pour les Réformes (LIRA) d’un projet de loi sur ce que ses auteurs appellent une « mort digne », le thème devient d’actualité en République tchèque.
Le projet de loi qui se veut d’empêcher les « euthanasies sauvages » envisage deux possibilités d’euthanasie légale: une mort médicale assistée sous forme par exemple d’administration d’un poison mortel ou d’une intervention médicale active. Le tout dans une situation où l’état de santé du malade ne donnerait aucun espoir et où il souffrirait depuis longtemps, tant psychiquement que physiquement. Une autre condition indispensable : le malade doit lui-même souhaiter l’acte d’euthanasie. Pour cela serait nécessaire en outre un consentement de deux médecins et d’une commission spéciale.
Le Parlement se penchera sur ce projet à l’automne prochain. La loi proposée provoque pourtant déjà une vague de réactions négatives. La ministre pour les droits de l’homme Džamila Stehlíková est catégorique.
« Je ne peux pas accepter l’existence d’une loi pareille, car ce serait la négation d’un des droits fondamentaux de l’homme, le droit à la vie ».
La ministre Stehlíková insiste dans ce contexte sur la nécessité d’amélioration des soins palliatifs et sur le rôle que devraient jouer les hospices. A présent, on n’en trouve en Tchéquie qu’une douzaine. La loi sur l’euthanasie déplaît de même au docteur Marie Svatošová, fondatrice des premiers hospices dans le pays, au début des années 1990.« Si quelqu’un, au bout de trois chimiothérapies, réalise que cela ne va plus, il peut refuser le traitement ultérieur. Mais pour cela, nul n’est besoin d’avoir une loi sur l’euthanasie. Il suffit au malade de signer une décharge. Si quelqu’un demande que l’on remédie à ses douleurs et à d’autres malaises, on peut faire pas mal de choses pour guérir ces symptômes ».
Une grande partie de l’opinion publique est en revanche favorable à la légalisation de l’euthanasie : à en croire un récent sondage, plus de 60% des Tchèques déclarent préférer « une mort miséricordieuse » des mains des médecins. C’est la première fois en République tchèque qu’un projet de loi à ce sujet est rédigé et soumis au Parlement.