L'extrême-droite tchèque se cache pour mieux réapparaître

Photo : CTK

Comme pourrait le laisser penser la faible ampleur des dernières manifestations qui accompagnent traditionnellement le 1er mai, les mouvements extrémistes semblent en recul en République tchèque. Pourtant, dans son édition de ce mardi, le journal Hospodarské noviny a publié un long article au titre éloquent : « Les extrémistes ne faiblissent pas, ils se cachent mieux ».

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Alors que Jean-Marie Le Pen s'apprête à venir en République tchèque pour soutenir la candidature de Miroslav Sladek, ancien chef du parti républicain d'extrême-droite, aux élections européennes, Hospodarské noviny a mené une enquête sur l'extrémisme en République tchèque. Aujourd'hui, le ministère de l'Intérieur évalue à environ 7000 le nombre d'activistes d'extrême-droite et à 5000 celui d'extrême-gauche. Des chiffres qui font dire au respectable quotidien économique que si les groupes organisés nationalistes et néo-nazis sont en recrudescence, à l'inverse, les militants anti-fascites et autres fédérations anarchistes sont, eux, sur le déclin.

Paradoxalement, comme le note le journal, alors qu'un mouvement comme l'Unification nationale se positionne contre l'OTAN, l'Union européenne et toute « société multiculturelle créée artificiellement », les radicaux d'extrême-droite ont depuis bien longtemps intégré un ensemble européen, non seulement en entretenant d'étroites relations avec leurs collègues étrangers, mais aussi en faisant preuve d'une solidarité à toute épreuve à leur égard au moindre coup dur. Selon certains spécialistes, l'attention vis à vis de l'extrême-droite ne doit d'ailleurs pas se relâcher avec l'entrée du pays dans l'Union européenne. Au contraire, conscients que cette dernière pourrait être source de tensions sociales inconnues jusqu'alors et liées, par exemple, à une vague d'immigration, les extrêmistes attendent patiemment leur heure.

Un comportement plus discret qui n'est pas étranger à l'évolution de la structure sociale des extrémistes. A leur tête, diplômés de l'enseignement supérieur ont, en effet, remplacé les crânes vides et rasés du début des années 1990. Dès lors, si le slogan « La Tchéquie aux Tchèques » tend à moins résonner dans les rues de Prague ou de Brno, c'est désormais une sourde musique et un bourdonnement confus qui montent de leurs caves.