Ligue des champions : pour le Slavia, des étoiles et des regrets plein la tête

Photo: Guillaume Narguet

Malgré une prestation pleine d’audace et d’allant qui lui a longtemps permis de croire à un meilleur résultat, le Slavia Prague s’est incliné contre le Borussia Dortmund (0-2), devant son public, mercredi soir, à l’occasion de la 2e journée de la phase de groupes de la Ligue des champions. Avec seulement un point au compteur en deux matchs, le champion de République tchèque en titre sera contraint à un exploit lors de la réception de Barcelone, dans trois semaines, pour continuer d’entretenir un espoir de qualification pour la suite de la compétition. Reportage.

Photo: Guillaume Narguet

Cela faisait douze ans qu’ils attendaient cela. Douze longues années que l’hymne de la plus prestigieuse des compétitions européennes de clubs n’avait plus retenti dans leur stade d’Eden. Particulièrement gâtés par le tirage au sort, qui a désigné Barcelone, Dortmund et l’Inter Milan pour adversaires de leur club, les supporters du Slavia, nombreux et comme toujours très bruyants, n’ont pas boudé leur plaisir en poussant leurs favoris du début jusqu’à la fin. Et si Jadon Sancho, l’attaquant anglais du Borussia, a bien failli doucher leur enthousiasme dès la 2e minute sur la première grosse occasion de la partie, les Pragois ont ensuite fait honneur à ce fantastique public en livrant une performance à laquelle un résultat final autre que cette défaite avec un écart de deux buts aurait sans doute mieux convenu.

Slavia Prague - Borussia Dortmund,  photo: ČTK/Roman Vondrouš
Puisqu’ils se sont procuré plusieurs occasions très franches, notamment par Lukás Masopust et Stanislav Tecl, qui se sont présentés seuls face à Roman Bürki, le gardien suisse de la cage allemande, et ont plus généralement tenté leur chance à dix-sept reprises, preuve de leur esprit d’entreprise, il n’aura manqué que l’efficacité et le réalisme aux joueurs du Slavia pour ne pas ressortir de la pelouse minés par la frustration. C’est d’ailleurs là un des rares reproches que l’entraîneur Jindřich Trpišovský a formulé à l’égard de ses troupes au terme de la rencontre :

Jindřich Trpišovský,  photo: ČTK/Roman Vondrouš
« C’est extrêmement compliqué de se mesurer à une équipe comme Dortmund car vous avez en face de vous des joueurs qui non seulement sont excellents techniquement, mais possèdent aussi des paramètres physiques impressionnants. Nous avons dépensé énormément d’énergie et beaucoup couru pour les mettre en difficulté et nous procurer des occasions. Je suis déçu par le résultat, car nous avons eu les occasions pour marquer, que ce soit pour ouvrir le score ou égaliser. En même temps, constater que mes joueurs sont capables de rivaliser avec une équipe comme Dortmund, qui a bousculé Barcelone lors de son premier match de groupe, est bien entendu très satisfaisant aussi. Même si c’est le sentiment de déception qui prédomine ce soir, c’est le point positif pour les garçons. »

Achraf Hakimi  (à droite),  photo: ČTK/Roman Vondrouš
Avec un peu plus de 118 kilomètres lors du match contre l’Inter à Milan, conclu sur un résultat nul (1-1), le Slavia avait déjà été l’équipe parmi les trente-deux en lice en Ligue des champions qui avait parcouru la plus grande distance lors de la 1ère journée. Cette fois, contre le Borussia, les Pragois en ont encore ajouté dix supplémentaires (128). Et s’ils ont quand même fini par baisser de pied dans le dernier quart d’heure, permettant ainsi au défenseur latéral marocain Achraf Hakimi, impressionnant de vitesse, de devenir le héros de la soirée en inscrivant un doublé (35e et 89e), on aurait tort de croire que la prestation des Tchèques s’est résumée à une performance athlétique.

Malgré parfois un certain manque de maîtrise, qui leur a d’ailleurs coûté cher sur les deux buts concédés en contre, c’est aussi parce qu’ils ont su y ajouter une vraie qualité de jeu, qu’ils pouvaient légitimement espérer mieux mercredi. Et qu’ils peuvent continuer à espérer pour les prochaines journées, malgré leur dernière place provisoire au classement du groupe F et la perspective désormais de se frotter à Barcelone…

Šmicer : « Tant pis si on perd, l’important est de ne pas avoir de regrets »

Nous avons croisé Vladimír Šmicer dans les couloirs du stade d’Eden après le match. L’ancien Lensois et Bordelais, qui suit toujours très attentivement les performances du Slavia, son club formateur, s’est confié sur le contenu de ces 90 minutes au micro de Radio Prague International :

Vladimír Šmicer,  photo: Adam Kebrt,  ČRo
« Nous avons beaucoup essayé, mais Dortmund a vraiment une très bonne équipe et il faut reconnaître qu’ils ont bien joué eux aussi. Dès qu’ils récupéraient le ballon dans l’entrejeu, ils se montraient dangereux. Ils ont inscrit un très joli premier but sur une brillante action individuelle. Le Slavia a eu quelques occasions en deuxième mi-temps, mais vous ne marquez pas à ce niveau-là contre une équipe comme Dortmund, c’est difficile… Du coup, le Borussia a puni le Slavia en fin de match avec le deuxième but. Les Allemands ont été plus efficaces. »

« Malgré tout, cela a été une grande fête pour le Slavia. Les supporters ont pris beaucoup de plaisir, malgré la défaite. Ce soir, on a vu la différence entre la Ligue Europa et la Ligue des champions. C’est encore un niveau au-dessus, surtout dans ce groupe-là quand on voit les équipes qui le composent. C’est le top, mais c’est une bonne chose pour les joueurs du Slavia, cela leur permet d’engranger de l’expérience, de la confiance et de progresser »

« Le Slavia pratique un jeu physiquement très exigeant. Le problème est de maintenir ce rythme pendant 90 minutes. Mais la volonté de l’entraîneur est de pratiquer le même style en Ligue des champions qu’en championnat, d’imposer son style. Tant pis si on perd, l’idée est de ne pas avoir de regrets. Et c’est le cas ! »

Photo: Guillaume Narguet