L’industrie automobile n’a pas trop souffert de la crise en 2009, sauf ses employés
Malgré la crise économique et en comparaison avec d’autres pays en Europe et dans le monde, l’industrie automobile, puissant moteur de l’économie tchèque, ne s’est pas trop mal portée en 2009. Avec près d’un million de nouvelles voitures particulières sorties des usines installées dans le pays, un nouveau record a même été établi. Mais le bilan n’est pas totalement satisfaisant pour autant : pas moins de 12 000 personnes ont en effet perdu leur emploi et les ventes en République tchèque ont chuté de façon inquiétante.
A 300 kilomètres plus encore à l’est, à Nošovice, en Moravie du Nord, le constructeur sud-coréen Hyundai a lui aussi augmenté sa production en 2009 pour la faire passer à près de 120 000 véhicules. Inversement, Škoda Auto a sorti 84 000 voitures de moins de ses usines de Mladá Boleslav, essentiellement du fait du transfert d’une partie de sa production à l’étranger. Malgré les difficultés rencontrées, la filiale tchèque de Volkswagen n’en reste pas moins le plus important fournisseur dans le pays avec un total de près de 520 000 véhicules.
L’immense majorité de l’ensemble de cette production est destinée à l’exportation. Seules un peu plus de 180 000 voitures, parmi lesquelles la Škoda Octavia a été le modèle le plus vendu, ont en effet été écoulées sur le marché tchèque. Un chiffre qui inquiète Antonín Šípek, directeur de l’Association de l’industrie automobile :
« Si nous additionnons les voitures particulières et les véhicules utilitaires légers, nous arrivons à une baisse des ventes sur le marché tchèque de l’ordre de 11 à 12 %. C’est donc une baisse très nette. Il est intéressant de constater que cette baisse touche surtout les petits modèles, tandis que les ventes de véhicules de classe moyenne inférieure ont augmenté. Pour ce qui est de 2010, je pense que les chiffres seront plus ou moins équivalents à ceux de 2009. La seule différence est que l’on devrait assister à un renforcement des ventes de petits véhicules. »
Les prévisions pour 2010 du directeur de l’Association de l’industrie automobile sont confirmées par le président de la Fédération des importateurs de voitures, Vít Pěkný, qui estime que la tendance pour cette année sera sensiblement identique à celle observée en 2009 :
« Il n’y a pas eu de croissance du marché, mais bien une baisse comme l’indiquent les chiffres. Dans la première moitié de l’année, c’est la clientèle privée qui a prédominé avec l’achat de voitures bon marché. La clientèle d’entreprises s’est réveillée au second semestre et le rapport s’est donc équilibré entre les deux. La situation sur le marché n’en reste pas moins très, très compliquée, et pour 2010, nous ne nous attendons certes pas à une nouvelle baisse mais certainement à une stagnation des ventes. »
L’essentiel et le plus préoccupant pour beaucoup reste toutefois la suppression d’emplois. Alors que près de 128 000 personnes, en relation contractuelle directe avec les constructeurs, travaillaient dans l’industrie automobile fin 2008, elles n’étaient que plus que 116 000 en 2009, comme le regrette Antonín Šípek :
« Bien qu’un plus grand nombre de véhicules aient été produits que l’année précédente, il a été procédé à des licenciements. C’est ce qui est le plus dommageable car il s’agit de processus irréversibles. Cela signifie que ces 12 000 personnes qui ont perdu leur emploi ne travailleront sans doute plus jamais dans l’industrie automobile. »Enfin, la crise touche plus durement encore le secteur des camions, qui a enregistré une baisse de 60 % de sa production totale. Tatra a ainsi sorti seulement 800 véhicules, soit 1 400 de moins qu’en 2008. Comme quoi, il n’y a pas que sur le Rallye Dakar, où un grand nombre de ses camions ont déjà abandonné cette année, que le célèbre constructeur tchèque de poids lourds est confronté à des problèmes.