L’Institut tchèque d’égyptologie fête ses 60 ans avec une nouvelle découverte
La découverte, annoncée mardi, d’une tombe en calcaire d'un haut fonctionnaire de la Ve dynastie dans la région d’Abousir est la dernière trouvaille en date faite par les archéologues tchèques en Egypte. Une découverte qui tombe bien puisque l’Institut tchèque d’égyptologie fête ces jours-ci son 60e anniversaire.
« Le but de notre institution est de rendre accessible au plus grand nombre l’héritage de l’Egypte antique dont, dans une certaine mesure, notre société aujourd’hui est la suite. Je pense là par exemple au calendrier, à l’écriture, à la mesure du temps et à d’autres éléments dont les gens n’ont souvent même plus conscience. Nous mesurons notre succès au retentissement qu’a notre travail tant les milieux spécialisés qu’auprès du grand public. »
L’histoire de l’égyptologie dans les pays tchèques est toutefois plus ancienne encore. Il y a cinq ans de cela, à l’automne 2013, une exposition avait ainsi été organisée à Prague à l’occasion de son centenaire /cf. : https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/legyptologie-tcheque-fete-ses-100-ans). Cette longue histoire, riche en découvertes – les archives de Radio Prague, entre autres, l’attestent – vaut aux égyptologues tchèques de jouir d’un authentique respect auprès de leurs collègues étrangers. Et pas seulement parce que leur Institut est, depuis plusieurs années déjà, la plus grande expédition scientifique tchèque en mission continue à l’étranger. La découverte annoncée en ce début de semaine en est une nouvelle démonstration.
D'après le site de l'Institut (cegu.ff.cuni.cz, disponible aussi en anglais), la tombe se trouve au cœur du champ de pyramides d'Abousir et plus précisément d’un vaste complexe d’une superficie de plus de 500 mètres carrés. Comme beaucoup d’autres tombes en Egypte, celle-ci a été cambriolée, et ce dès l’Antiquité, comme l’a expliqué par téléphone Miroslav Bárta à nos collègues de la Radio tchèque :« Il faut s’imaginer que les bandits cherchaient surtout des bijoux que les défunts emportaient avec eux dans leurs sarcophages. Dans le cas du tombeau de Kaires, cela signifie que toute sa momie a été endommagée, ainsi que plus tard sa chapelle et les décorations de la tombe. »
Devant le sarcophage a toutefois été conservée une statue en granit d’origine représentant Kaires et comportant quelques restes de couleur, tandis qu’un morceau de basalte noir se trouvait à l'intérieur du tombeau, la présence de la roche confirmant qu’il s’agit bien là d’un personnage important, comme l’explique aussi Miroslav Bárta :
« C’était un homme qui était chargé du culte de la déesse Hathor et un fonctionnaire dont le travail consistait à surveiller la réalisation des projets royaux de construction dans tout le pays. C’était aussi un prêtre qui avait encore tout un tas d’autres fonctions. Ce sont autant de titres qui faisaient de lui assurément une personnalité exceptionnelle dans le contexte de l’époque. »
Par ailleurs, le site archéologique sur lequel opère l’équipe tchèque, à quelque vingt-cinq kilomètres au sud-ouest du Caire, se trouve dans une région où, à côté des souverains, seuls les membres de la famille royale et les hauts dignitaires de l’Etat égyptien étaient enterrés. Selon les égyptologues, Kaires a vécu aux alentours de -2400 avant Jésus-Christ et était un ami personnel du pharaon Niouserrê, qui avait fait aménager son complexe funéraire précisément en Abousir.Bien que de taille, cette découverte ne constitue qu’une étape supplémentaire dans le travail des archéologues tchèques. Leurs fouilles au même endroit dureront encore de deux à trois semaines, et selon eux, de nouvelles surprises ne sont pas à exclure. C’est tout le mal qu’on leur souhaite pour leur 60e anniversaire.