L'insurrection hongroise de 1956 vue par historiens et politologues tchèques

Le Séminaire pour thème les événements hongrois de 1956, photo: CTK

De retour de Budapest où il a assisté aux célébrations du 50e anniversaire du soulèvement hongrois contre les Soviétiques, le président tchèque Vaclav Klaus a animé, mardi, à Prague, un séminaire ayant pour thème les événements hongrois de 1956.

Le Séminaire pour thème les événements hongrois de 1956,  photo: CTK
A part les médias qui prêtent une grande attention aux événements hongrois d'il y a 50 ans, du fait sans doute que la Tchécoslovaquie a vécu une expérience pareille en 1968, ce séminaire était une occasion d'y revenir avec historiens et politologues. L'historien Vladimir Nalevka, professeur de l'Université Charles, pour un bref rappel de la situation :

« Le mois d'octobre 1956 en Hongrie était marqué par une pression graduelle de l'opinion sur les changements politiques et économiques. Les obsèques de Laszlo Rajko, ancien ministre hongrois condamné à mort dans un procès politique, ont précipité les événements. Une manifestation de solidarité avec le peuple polonais soulevé, car une crise parallèle se déroulait en Pologne, était convoquée pour le 23 octobre à Budapest par l'Union indépendante des étudiants nouvellement constituée. Près de 200 000 manifestants se sont alors rassemblés sur la place Kossuth, devant le Parlement. »

Vaclav Klaus et Jaroslav Sedivy,  photo: CTK
L'insurrection, qui s'est poursuivie jusqu'au 8 novembre à Budapest, a été écrasée par les chars de l'Armée rouge. On estime que du côté hongrois il a fait 3000 morts et 20.000 blessés, et du côté des soldats soviétiques, 700 morts. Près de 200 000 Hongrois ont pris le chemin de l'exil. Selon l'ancien chef de la diplomatie tchèque, Jaroslav Sedivy, les racines du putsch hongrois résidaient dans la politique soviétique et la lutte pour le pouvoir, après la mort de Staline en 1953:

« En dévoilant une partie de la vérité sur la terreur stalinienne et ses procès, le successeur de Staline, Khrouchtchev a éveillé, dans les pays satellites, des tentatives réformatrices que la nouvelle direction soviétique ne comptait pas tolérer. »

Budapest 1956,  photo: CTK
Au mois d'octobre 1956, en Tchécoslovaquie, le corps de sécurité de l'Etat était en état d'alerte, une division blindée était stationnée dans le quartier pragois de Juliska par crainte que des émeutes ne se produisent, à l'occasion de la fête nationale du 28 octobre. Pour renforcer la surveillance de la frontière entre la Slovaquie et la Hongrie, l'armée a rappelé des réserves. Le pays était présidé par Antonin Zapotocky, président plus modéré que Gottwald. Les révélations de Khrouchtchev sur les procès staliniens ont levé une vague critique et le IIe congrès des écrivains y a joué un rôle important. L'écrivain Pavel Kohout, ancien communiste réformateur, qui y était présent s'en souvient :

« Le début de la révolution en Hongrie a nourri l'espoir que le retour à la souveraineté et la démocratie pourrait être possible également en Tchécoslovaquie. Puis, les premières balles étaient tirées, les opposants pendus aux réverbères et la révolution enterrée sous les chars. A Prague, les germes du renouveau vont pousser. De grands démocrates tels Jan Patocka, Vaclav Cerny, tenteront de faire du pseudosocialisme habitable. Eduard Golstücker, savant littéraire, Jan Prochazka, scénariste, et d'autres deviennent les artisans des changements. »

Et l'enseignement tiré des événements hongrois de 1956 ? Selon Pavel Kohout, les réformateurs tchèques, instruits par ce qui s'était passé à Budapest, ont compris que les barricades ne conduiraient pas aux changements et ont cherché à ouvrir les barrières de l'intérieur, la seule voie possible à l'époque. Il a fallu que les disciples de Jan Patocka continuent leur oeuvre jusqu'au 17 novembre 1989.